Wednesday, April 02, 2008

Citation du 3 avril 2008

On raconte que Platon, voyant quelqu'un qui jouait aux dés, lui fit des reproches. Ce dernier répondit qu'il jouait pour peu de chose. "Mais l'habitude, répondit Platon, ce n'est pas peu de chose.

Diogène LAËRCE - Vies et doctrines des philosophes illustres III 38 Platon

Bien répondu !

Quand je vais acheter mon journal, et que je suis obligé d’attendre que madame Truc-Muche, ma voisine ait fini de comptabiliser avec la marchande ses « Truc-à-Gratter », je m’énerve et je me demande qu’est-ce que je pourrais trouver de désagréable à lui dire pour me venger de cette attente.

- Mon Truc-à-Gratter, c’est un peu de rêve, si peu : quel mal à ça ?

- C’est que vous avez besoin de jouer, chaque jour : vous vous êtes donné une dépendance, vous avez vous-même rogné volontairement un peu de votre indépendance, un peu de votre liberté.

« L'habitude, ce n'est pas peu de chose. » : ce n’est pas ce dont on a l’habitude qui importe ; c’est le fait d’avoir des habitudes. D’ailleurs, c’est tellement vrai qu’on a cru devoir souligner cette vérité en inventant – ou en popularisant – le terme d’addiction. Au début, on était « addict » parce qu’on prenait de l’opium ou une drogue quelconque ; après on a été addict au jeu, ou à l’alcool, ou à la femme qu’on aime. Maintenant, on est addict à son téléphone portable ou à n’importe quoi, l’addiction est devenue si banale qu’en effet c’est un synonyme de l’habitude. Banale, mais en même temps de la même nature que les autres dépendances dont on vient de parler.

Bon, maintenant vous allez faire quelque chose : vous allez faire l’inventaire de ce que vous faites et refaites chaque jour de la même façon ; et vous allez vous demander ce qui se passerait si vous les faisiez autrement, ou à d’autres moments. Si vous répondez que ce ne sont que des commodités, et qu’après tout ça pourrait se passer tout aussi bien autrement, rien à dire. Mais si un sentiment de malaise ou même seulement d’inconfort apparaît à cette évocation, considérez qu’il faut vous libérer de vos habitudes.

- Et aller chaque jour mettre en ligne, à la même heure, un post sur son blog, comment vous appelez ça ?

- Ça, ce n’est pas de la routine, monsieur. C’est de la constance et de la détermination.

2 comments:

Djabx said...

D'après votre définition, je suis addict:
_à respirer
_à mon petit-dej'
_à mon diné (vous noterez que le midi je peux m'en passer: j'ai des réserves)
_à mon travail (enfin surtout le salaire qu'il m'apporte); même si à l'avenir je vais tâcher d'arrêter... peut-être avec des truc-à-gratter ;)

Jean-Pierre Hamel said...

D'après votre définition, je suis addict:
_à respirer
- Ha, mon pauvre ami : la nature nous a ainsi fait que nous ne puissions nous en passer

_à mon petit-dej'
- Ha, mon pauvre ami : la publicité nous a manipulé de sorte qu’on attend chaque matin l’ami Ricoré comme si c’était le Père Noël

_à mon dîné (vous noterez que le midi je peux m'en passer: j'ai des réserves)
- Ha, mon pauvre ami : encore un coup de la nature

_à mon travail (enfin surtout le salaire qu'il m'apporte); même si à l'avenir je vais tâcher d'arrêter... peut-être avec des truc-à-gratter ;)
- Non mais, qu’est-ce que je lis ? Les Trucs-à-Gratter ne sont pas là pour vous dispenser de travailler. C’est un _impôt volontaire_.