Les gens caquettent à qui mieux mieux. L'homme ne descend pas du singe, il descend de la poule.
Stefan Zweig - L'ombre du vent
La poule… Pauvre animal encore une fois injustement décrié. Laissant de côté la calomnie portant sur la légèreté de ses mœurs, nous parlerons aujourd’hui du symbole de stupidité qu’elle incarne : en plus d’une cervelle d’oiseau, elle serait douée - pour notre malheur - de la parole : elle caquette de façon insipide.
Pour ma part, je prétend qu’il n’y a là que préjugé. Avez vous attentivement regardé une poule ? Je veux dire : en faisant attention à son regard ?
Vous comprenez ce que je veux dire ? Détermination farouche, caractère indomptable, la poule devrait incarner la force et la volonté d’aboutir quoiqu’il en coûte.
Alors, pourquoi ce caquettement de la poule nous paraît-il insupportable ?
Simplement parce qu’il n’est adressé à personne, il est gratuit, non communication, expression sans contenu.
Voyez le préjugé : qu’est-ce qui nous prouve qu’il est sans contenu ? Et le chant du rossignol, a-t-il un contenu ? Et le roucoulement du pigeon ?
Nous aimons le rossignol parce que son chant est mélodieux ; on le suppose expressif de l’harmonie de la nature. Quant au pigeon, on suppose qu’il roucoule pour sa pigeonne, ce qui le justifie. Mais le caquettement de la poule est injustifiable, parce qu’il est désagréable,
… et que tout ce qui est désagréable doit être justifié.
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