- Après la bière on ferait un traité sur Hegel. Après le champagne on montrait à l’assaut. Après le Bourgogne on ferait une femme. Après le cidre on ferait un bail.
Edmond et Jules de Goncourt – Journal littéraire (à Trouville, le 10 juillet 1864 p. 1086)
- Quand j’écoute trop de Wagner, j’ai envie d’envahir la Pologne !
Woody Allen
On constate que l’idée de relier des produits culturels aux actes ou aux comportements issus des mêmes populations n’est pas une nouveauté.
Ayant une réserve quand à l’utilité de la bière pour écrire un traité sur Hegel, je me concentrerai sur l’observation concernant les Normands, dénigrés systématiquement par les Goncourt comme un peuple de petits paysans matois et obsédé par la propriété de leur champ.
Et ne croyez pas que seuls les paysans normands leur déplaisent : voyez leur jugement sur Flaubert. Ce n’est pas un paysan, mais c’est un normand. Trop grossier, trop provincial pour plaire aux Goncourt, « aristocrates » parisiens, malgré l’amitié qui les relie à celui qui, accusé comme eux d’encourager l’immoralité, partagea l’infamie du banc des accusés.
Toutefois, les Goncourt qui ont horreur des normands vont presque chaque année passer le mois de juillet à Trouville : s’agit-il d’un exemple de masochisme ? C’est qu’en fait, sorti de Paris, la province - toute la province - leur fait horreur. Pour eux, la nature qui a fait les hommes, les a faits de « nature différente » : on n’est pas le même selon qu’on est bourgeois, aristocrate, paysans, parisien ou provincial, homme ou femme. Par exemple, la seule chose qu’on puisse espérer d’un bourgeois, c’est qu’il reste à sa place et qu’il ne vienne pas avec une morgue « prudhommesque » prétendre dicter ses mauvais goûts à la bonne société. Sûr qu’en 1789 on leur aurait coupé la tête.
Bon, direz-vous, tout ça c’est des vieilles lunes ; déjà à leur époque les Goncourt devaient passer pour des réactionnaires un peu décalés.
Quoique…
Demandez aux Parisiens ce qu’ils pensent des Ch’tis. Hein ? … Non, je me trompe : demandez aux Ch’tis ce qu’ils pensent des parisiens.
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