Mais dis moi: "Comment fais-tu / […] Pour me faire oublier / Que les putains les vraies / Sont celles qui font payer / Pas avant mais après
Jacques Brel - L'Air de La Bêtise
…celles qui font payer / Pas avant mais après… Comment ignorer que les putains les plus putassières sont les femmes qui ne se font pas payer, mais qui se font « entretenir » ? Et qu’une épouse « vertueuse » pourrait bien à ce compte ne pas valoir plus qu’une péripatéticienne ?
Je ne suis pas du genre à alimenter une quelconque obsession misogyne et ce n’est donc pas au premier degré que je prends ce couplet : entendez qu’il vaut aussi pour les hommes. Mais qui donc aujourd’hui se fait payer « pas avant mais après » ? Qui donc vous fait un « cadeau » en espérant tirer de vous les profits les plus juteux ?
J’ai un nom – parmi d’autres – Google.
Oh, certes, je profite de Google comme vous tous : chacun peut voir que ce Blog est sur un compte Google. Par ailleurs, j’avoue que j’utilise Gmail, sans parler du moteur de recherche. Suis-je entrain de mordre la main qui me nourrit ?
Pas sûr. Car, sans parler des liens sponsorisés du moteur de recherche, la messagerie, précisément n’est gratuite qu’en apparence. Voilà qu’à chaque message e-mail diffusé ou reçu, des liens apparaissent, supposés en rapport avec des mots clefs de mes messages. – Qui donc va lire mon courrier pardessus mon épaule pour me proposer des liens à chaque mail – liens supposés en rapport avec son contenu très confidentiel qui est diffusé « gratuitement » ? Qu’on me dise ce qu’on voudra, même si je suis insensible au message publicitaire, je ressens cet usage de ma correspondance comme un viol prétendument justifié par des objectifs commerciaux. Et je ne parle pas des écrans publicitaires qui clignotent dans tous les coins des pages web « gratuites ».
Y a-t-il quelque chose de gratuit dans ce monde ?
Le don est un thème de réflexion philosophique, religieux, économique, sociologique… J’en passe peut-être, mais on voit facilement que parler du « don » sans plus de précision est illusoire : ce concept est surdéterminé.
En général, et si on laisse le potlatch de côté (1), on entend que le don n’est qu’un échange différé. Dès lors, tout dépend de ce qui est exigé en retour, et pourquoi ce qu’on exige n’est pas lié à un payement directe.
Je considère pour ma part que le don est une réalité, certes, et que le Net en est une illustration frappante. Mais je dirais aussi que, s’il n’y a pas de don sans contre don, l’échange particulier qui s’institue alors ne tire son originalité que de l’absence de profit économique ou politique (2).
(1) Dans le cas du potlatch, on ne donne pas pour recevoir, mais pour démontrer sa puissance. cf. Post du 22 février 2006
(2) Car il existe aussi, ne l’oublions pas, le clientélisme : je te donnes, à condition que tu votes pour moi.
No comments:
Post a Comment