Définition
Foi - Croire sans preuve et même contre les preuves. (Alain)
Il y a bien des manières de définir la foi et nous en avons ici même proposé plusieurs (1). J’ai dit qu’Alain définissait la foi par le croyance (cf. 17 juillet). Entendez qu’il ne fait pas explicitement appel à la grâce divine. Mais il prend soin de distinguer la croyance que représente la foi des autres croyances.
Croire n’est pas savoir ; on croit donc toujours sans preuve, car avec des preuves on ne croirait pas : on saurait. Plus radicale, la foi consiste à récuser les preuves lorsque celles-ci vont à l’encontre de sa conviction ; par exemple, la foi en la résurrection des corps. Alain dit que la foi porte toujours en elle cette force d’affirmation. Ce qui est vrai ce n’est pas ce qui est démontré, c’est ce qui emporte la conviction par la force de l’affirmation. Voilà une conception typiquement nietzschéenne de la vérité : c’est l’instinct grégaire, qui pousse les hommes à se rassembler en troupeau, qui est à l’origine de croyance en la vérité : tous réunis autour de la même vérité. C’est la force qui constitue le troupeau. Et la vérité qui rassemble est bien elle aussi une telle force.
Allons plus loin : si dans toute foi il y désir de certitude au-delà de toute preuve, alors c’est aussi vrai de toute vérité. Ce qui nous mène au paradoxe suivant : la vérité consiste à croire avec des preuves, oui. Mais c’est exactement la même chose que de « croire sans preuve et même contre les preuves ». Car c’est la force de l’affirmation qui fait la vérité, et la preuve est une de ces forces et rien de plus. Qu’elle soit contrebalancée par une autre, et on passe de la science à la croyance, de la croyance à la foi. Qu’importe : c’est le plus fort qui gagne !
(1) Voir : messages du 20 février ; 8 avril ; 17 juillet ; 7 septembre ; 19 septembre
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