Thursday, July 27, 2006

Citation du 28 juillet 2006

Dans le fait, les lois sont toujours utiles à ceux qui possèdent, et nuisibles à ceux qui n’ont rien.

Rousseau - Du contrat social - I, 9

A qui servent les lois ? A tous ? Oui dans le principe, non dans les faits. Car la vraie question c’est : à quoi servent les lois ?

Supposez qu’une loi plafonne les taxes sur le carburant afin que la hausse des produits pétroliers soit limitée ; bien, très bien même : tout le monde est content. Tout le monde ? Et le pauvre type, qui n’a pas de voiture, pas de mobylette, rien qui consomme de l’essence ?

Bon, voilà une loi inutile pour lui ; mais au moins n’est-elle pas nuisible.

C’est vrai. Mais ce qui nuit à celui qui n’a rien, c’est l’injustice qui consiste à le laisser dans son état. Les lois qui oublient le pauvre ne le font pas exprès : elle se contentent tout naturellement de protéger la propriété, c’est à dire de maintenir ceux qui n’ont rien dans le dénuement. Car si la propriété est protégée par la loi, c’est bien contre les démunis qu’elle protège, contre ceux qui voudraient le partage parce qu’ils en sont exclus.

Plus encore. Admettons que notre pauvre applaudisse à la répression du vol. On peut être pauvre, mais honnête. Reste qu’on va considérer qu’il est juste qu’il y ait de la pauvreté, parce que les règles d’enrichissement sont justement fixées par la loi. Ce qui veut dire que le juste et l’injuste sont des conséquences de la loi, et que s’il est juste qu’il y ait des pauvres et qu’il y ait des riches, c’est parce qu’il y a - quelque part - des lois qui le justifient.

Et c’est ça qui est nuisible aux pauvres.

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