« Les enfants, qui naîtront des mariages entre les esclaves, seront esclaves, et appartiendront aux maîtres des femmes esclaves, et non à ceux de leurs maris, si le mari et la femme ont des maîtres différents. »
Code noir - 1685 - Art. 12 (1)
Aujourd’hui, nous avons une perception un peu déformée de l’esclavage : on le voit plutôt comme la perte de la liberté caractérisée par le fait de travailler sans cesse, sans aucun bénéfice autre que d’avoir la vie sauve. On peut alors avec Marx parler des prolétaires comme d’esclaves des temps modernes. Mais être un esclave, c’est bien autre chose : c’est justement être une chose qu’on achète, qu’on revend, dont on peut hériter ou qui sera saisie en cas de dette. L’esclave est une marchandise qu’on évalue et palpe comme le cheval ou le bœuf ; il ne saurait donc se définir simplement par la suppression de la liberté d’aller ou de venir, de disposer de son temps, de décider qui il veut rencontrer, comme l’est par exemple le prisonnier. L’esclave du Code Noir, c’est cet animal qu’on marque au fer rouge du monogramme de son maître et qu’on punit en cas de faute par mutilation, pour pouvoir le repérer à coup sûr.
On ne peut donc se contenter de le définir, comme on le fait parfois en philosophie, par la perte de la responsabilité ou de l’humanité. Non que ce soit faux. Mais ce sont les faits qui importent, en particulier ceux du monde actuel, parce que sont eux qui créent le choc de l’insupportable, ce sont eux qui sont le scandale. L’esclavage existe toujours, il s’exhibe jusque sur nos trottoirs : il s’appelle - entre autre - prostitution.
Et là, même pas de Code Noir.
(1) On peut consulter l’intégralité du Code noir avec notes sur : http://abolitions.free.fr/IMG/pdf/codenoirtxt.pdf
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