"Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font"
Evangile de Luc 23.34
Cette phrase prononcée par Jésus crucifié fait polémique : de qui parle-t-il ? Qui sont les « crucifixeurs » ? Les juifs sont-ils responsables de la mort de Jésus, ou bien s’agit-ils des romains ?
Aujourd’hui ce problème est plus politique qu’historique, et plus historique que théologique. Nous ne nous estimons pas en mesure d’apporter une lumière là dessus. En revanche on peut se demander tout à fait tranquillement s’il est possible de ne pas savoir ce qu’on fait.
Je vous entends d’ici : « voilà le prof de philo qui recycle ses vieux sujets de dissert… avec ça il n’est pas tout neuf celui-ci ! Que de fois il a servi à discuter de la responsabilité entre les tenants de la morale et ceux de la psychanalyse… ». Et alors ?
Le gamin qui a inondé la salle de bain va dire : « C’est pas vrai, j’ai pas voulu inonder la salle de bain, j’ai juste joué avec les robinets, et puis maman elle m’a appelé pour le goûter, j’y suis allé très vite pour qu’elle m’attrape pas et du coup j’ai oublié de les refermer. » … « Père, pardonne-moi, car je ne savais pas ce que je faisais. » Donc :
1 - Ce qui est inconnu, ce n’est pas ce qu’on fait, c’est la conséquence de ce qu’on fait, et donc :
2 - ce qu’on fait ne se définit que par les conséquences qui en sont issues.
Tel est le présupposé de notre citation. Jouer avec les robinets, c’est un jeu, donc une action sans conséquence. Lorsqu’il y en a une, alors ce n’est plus un jeu ; ou plutôt, il est requalifié par ses conséquences en action véritable.
Jésus a donc parfaitement raison : si la crucifixion est bien nécessaire pour que le sacrifice du Fils rachète les péchés des hommes, alors ceux qui le condamnent ne savent pas qu’ils ne sont que des instruments entre les mains de Dieu. Voilà qu’ils accomplissent un sacrifice religieux alors qu’ils croyaient procéder à une exécution judiciaire.
Comme quoi on n’échappe pas si facilement à la théologie…
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