« Ils disent que les éclipses présagent malheur, parce que les malheurs sont ordinaires, de sorte qu'il arrive si souvent du mal, qu'ils devinent souvent ; au lieu que s'ils disaient qu'elles présagent bonheur, ils mentiraient souvent. Ils ne donnent le bonheur qu'à des rencontres du ciel rares ; ainsi ils manquent peu souvent à devenir. »
Blaise PASCAL Les Pensées
Voici donc la technique des charlatans. Je ne voudrais pas faire des rapprochement désobligeants, mais elle peut donner à réfléchir à propos des promesses électorales (dont nous aurons bientôt une nouvelle mouture) : Pascal nous aide-t-il à y voir plus clair dans l’étonnante crédulité des électeurs ? Je ne le pense pas.
Croyons-nous les promesses électorales parce qu’on est très habile à nous les présenter de façon crédibles, ou bien s’efforce-t-on de nous les rendre tellement désirables que nous sommes du coup persuadés qu’elles seront nécessairement réalisées ?
La seconde hypothèse me paraît être la bonne, et toute cette mécanique n’est autre que celle du désir. Octave Mannoni (psychanalyste - entre autre -), raconte qu’un de ses patient, lorsqu’on lui faisait prendre conscience de l’impossibilité de réaliser ses désirs, répétait inlassablement : « Je sais bien, mais quand même… ».
Ainsi, la semaine de 30 heures, la retraite à 50 ans, le pleine emploi, l’air pur pour tous, on peut nous les promettre sans jamais se soucier de respecter de tels engagements. L'électeur se dit : "je sais bien (que c'est impossible), mais quand même (je veux y croire)". Mieux vaut d’ailleurs qu’on ne tente pas de les tenir. Dans ce cas, rien ne serait pire que le politicien qui croirait à ses propres promesse ; alors ses illusions deviennent ruineuses, n’étant pas plus réalisables du fait que les responsables y croient. En plus, en politique, tenir sa parole n’est pas forcément une preuve de qualité.
Machiavel dixit.
1 comment:
J'ai bien peur que plus personne ne croie aux promesses des hommes politiques (mais des femmes???)... Seulement, pour certains encore, il reste la conscience que si le présent est insatisfaisant, une des solutions pour orienter l'avenir vers un chemin meilleur (lequel bien sûr n'est pas le même pour tous) est encore l'action politique par la voie démocratique. Alors, au lieu de poser une bombe ici ou là, ou de partir vivre en authentique anarchiste dans une communauté parallèle autarcique, on prend son dimanche à deux mains et on va voter. Pas sûr que tout sera réalisé, pas sûr que tout sera réalisable ; mais nous indiquons, pour le moins, la direction que nous aimerions prendre. Pour une fois je ne suis pas dans la désillusion amère. Je doute peut-être (parfois) quant au choix dudit chemin meilleur, mais je ne généraliserai pas sur le machiavélisme ou l'hypocrisie délibérée des politiques. Pourquoi ne croiraient-ils pas en leurs promesses? Font-ils, d'ailleurs, tant de promesses que cela? Ils possèdent assez de pragmatisme pour connaître les limites de l'action politique (certains sont même beaucoup trop pragmatiques, renonçant à l'avance à ne serait-ce que lever les yeux vers cet "oiseau mystérieux toujours planant au dessus de l'homme"), et peut-être encore assez d'humilité pour soupçonner les limites de leur action personnelle au milieu du monde. Les politiques ne font pas de promesses. Ils proposent une vision du monde. Leurs programmes ne reflètent pas ce qu'ils vont réaliser, mais ce qu'ils voudraient réaliser. Et je crois que ceux qui nous gouvernent depuis 4 ans donnent un excellent exemple de succès dans l'application de leur vision du monde...
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