Monday, May 15, 2006

Citation du 16 mai 2006

À cause du clou, le fer fut perdu

À cause du fer, le cheval fut perdu.

À cause du cheval, le cavalier fut perdu.

À cause du cavalier, la bataille fut perdue.

À cause de la bataille, la guerre fut perdue.

À cause de la guerre, la liberté fut perdue.


Tout cela pour un simple clou

Benjamin Franklin

Ça s’appelle l’effet papillon. C’est le météorologiste Edward Lorenz qui l’a inventé en 1963. Il s’énonce ainsi : le battement des ailes d'un papillon au Brésil peut déclencher une tornade au Texas ; autrement dit, des variations infimes entre deux situations initiales peuvent conduire à des situations finales sans rapport entre elles.

Mais nous serons plutôt du coté de Benjamin Franklin : ce n’est pas dans le ciel de nos vacances que nous scruterons le chaos ; c’est dans nos sociétés. L’effet papillon est un défi à l’historien, comme aux prévisionnistes de tout poil : l’avenir est indéterminé, donc imprévisible. Et cela non pas parce que le hasard domine la vie des hommes ; pas non plus parce que leur liberté est souveraine et donc également imprévisible ; mais bien parce que les mécanismes en place, fonctionnant selon leurs lois habituelles vont produire sans qu'on sache le prévoir dans certaines circonstances un basculement, générateur d’une état nouveau, et également imprévisible. Bref, c’est le chaos déterministe qui nous guette.

D’abord, parce que la circulation de l'information est devenue toujours plus rapide et plus dense entre les différents acteurs de la société et les diverses parties du monde. Ceci fait que des événements auparavant isolés, peuvent maintenant être reliés très rapidement. Ce qui favorise la transmission et l'amplification des changements. Ce n’est pas une théorie, c’est une réalité : voyez comment se déclenchent les krachs boursiers.

Mais on dira que la bourse peut mettre des barrières à de tels phénomènes et donc que l’effet papillon ne peut plus s’y manifester. Ce serait alors le cas dans l’ensemble de la société, dont les forces conservatrices élèveraient des remparts contre ces perturbations. Mais la modélisation mathématique de l’effet papillon montre qu’un système est particulièrement vulnérable lorsqu’il atteint un point de bifurcation (comme la chaudière qui monte régulièrement en température et qui tout à coup explose). A l'aube du troisième millénaire, les sociétés humaines sont manifestement arrivées à un point de bifurcation : nous sommes dans une période de redéfinition complète des normes et des valeurs en matière de travail, d'économie, mais aussi de vie sociale et de rapports entre Etats. Dans ce type de situation, une infime modification peut tout faire basculer.
Sommes-nous donc entrés dans le troisième millénaire ?

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