"Bien que le dicton "la franchise est la meilleure politique" incarne une théorie qui, malheureusement est fréquemment contredite dans la pratique, la proposition également théorique selon laquelle "la franchise vaut mieux que n'importe qu'elle politique" transcende infiniment toutes les objections et constitue en fait un préalable nécessaire à toute politique quelle qu'elle soit"
Kant - Projet de paix perpétuelle - Appendice I
Admirez la nuance ! Si la franchise n’est pas la meilleure politique, en revanche, la franchise vaut mieux que n’importe quelle politique.
Première observation : la politique est une affaire qui ne peut en aucun cas se limiter à des principes théoriques ; la pratique doit absolument être prise en compte. Or, la franchise n’y est pas présente, au mieux le secret y domine, le mensonge l’emporte aussi souvent. On est encore dans la politique, mais pas dans la meilleure.
Deuxième observation : la théorie fait néanmoins retour comme « préalable nécessaire » à toute politique. Le principe qu’il faut être franc (donc dire la vérité, tout simplement) transcende la politique, c’est à dire qu’il la domine mais aussi qu’il en constitue la norme, comme si on ne pouvait s’écarter de ce principe que pour mieux y revenir .
Question : à qui profite le déni de vérité ?
S’il s’agit du refus de communiquer, on entend souvent évoquer le « secret défense ». En quelque sorte on fait le bien des administrés en secret parce qu’on les soupçonne tous d’être des agents doubles à la solde de l’ennemi. Merci bien !
Mais s’il s’agit de mensonge ? A qui profite-t-il ? A supposer que la politique soit l’administration du bien public, tout se passe comme si l’homme politique nous disait : « je te mens, mais c’est pour mieux te servir ; je te cache la vérité, mais ce n’est pas pour mon bien, c’est pour ton bien…. ». Admettons qu’il ne nous mente que par facilité, parce que ses manœuvres sont inavouables, mais que ses buts sont effectivement honnêtes, alors il se conduit simplement comme ces parents peut scrupuleux qui disent à leur enfant, avant de l’emmener chez le dentiste, « tu as voir le monsieur à la blouse verte, il est très gentil, il va te soigner ça ne te fera pas mal du tout ». Dans ce cas le mensonge est simplement la contrepartie de l’immaturité des citoyens : il y a comme une contradiction dans cette formule.
Mais hélas, le plus simple est bien de supposer que le mensonge ne couvre pas seulement les moyens, mais aussi les fins, moins généreuses qu’on le croirait. Comme de régler des comptes pour se positionner avantageusement en vue de la prochaine élection.
Oui… mais on nous demande alors de croire que c’est pour le bien de la Nation.
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