Allons, enfants de la patrie…
La Marseillaise - Hymne national
Patrie, terre des ancêtres (paternels), auquel un lien filial nous attache. Chez Platon, la patrie (qu’il appelle matrie) n’est autre que l’acropole d’Athènes d’où sortirent les premiers athéniens, poussant du sol comme les plantes de la terre.
Mais ce lien filial est aussi un lien politique : la patrie est la nation dont on fait partie, la société politique dont on est membre (1). En ce sens le « dévouement à la patrie » n’est pas seulement une obligation morale, c’est aussi un devoir politique.
Qu’en est-il aujourd’hui de l’idée de Patrie ? Au cours du XXème siècle, elle a succombé à la confusion née de l’identification du devoir politique au devoir moral. Les citoyens devenus des enfants de la patrie ont en effet le devoir de mourir pour elle (Bien moins jaloux de leur survivre / Que de partager leur cercueil). La mort est alors un honneur (« tomber au champs d’honneur »), elle est sans véritable importance, puisque filant la métaphore agricole (Cf. ci-dessus), la Marseillaise nous promet, après ces sanglantes moissons, de nouvelles récoltes : « S'ils tombent, nos jeunes héros, / La terre en produit de nouveaux / Contre vous tout prêts à se battre » (2).
De 1914 à 1918, les poilus ont appris à leurs dépens ce que tout cela voulait dire. L’hécatombe de la Grande Guerre a eu raison de cette confusion : les poilus du chemin des Dames sont morts pour Nivelle, pas pour la patrie, et les fraternisations entre combattants français/anglais et allemands ont été en tant que dénonciation du dévoiement de l’amour de la patrie, plus éloquents que des désertions.
14 juillet, les bals musettes… pourquoi pas. Mais pourquoi faut-il nécessairement un défilé militaire ?
(1) Politiquement, la patrie est née en 1789, par opposition à la Nation jusque là incarnée par le roi)
(2) Il s’agit de la version de 1792, signée Rouget de Lisle
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