Une fille laide est une fille qu'on saute sans élan.
Francis Veber
La laideur… Qu’est-ce que c’est ? Par exemple, est-ce que c’est ça ?
(Ça, c’est La duchesse laide de Quentin Metsys)
Je laisse aux féministes le soin de tirer leurs propres conclusions de cette mise en cause de la laideur des femmes ; je prodiguerai néanmoins quelques remarques personnelles.
Si vous prenez une Encyclopédie des citations, à l’article laideur, vous trouverez 90% de citations consacrées à la laideur féminine. Donc la question est : pourquoi est-ce cette laideur-là qui interpelle et pas une autre (laideur de l’homme, ou laideur de l’animal) ? On peut supposer que cette insistance à parler de la laideur féminine renvoie à une déception : les hommes attendent des femmes qu’elles soient belles. Est-ce si sûr ?
La beauté est- elle liée à la sexualité ou à ses dérivés ? Ou bien faut-il voir, comme Kant, dans la beauté ce qui doit au contraire être distingué de l’attirance que nous éprouvons pour ce qui nous est agréable ou avantageux ? On parlerait alors de beauté féminine de façon toute désintéressée, d’un point de vue nécessairement « désincarné ». La beauté au sens « noble », évaluée du point de vue seulement esthétique ne serait donc pas sexualisée, et il faudrait même dire que la beauté éloigne de la sexualité.
Je crois pour ma part que l’analyse de Kant présente un avantage : c’est de rendre compte du respect qu’impose la beauté humaine. Pas comme le sublime de la nature (toujours Kant), mais presque.
Rappelez-vous le film de Bertrand Blier Trop belle pour moi. On y voit un homme préférer une femme « laide », parce que la belle femme qu’il a épousée lui paraît inaccessible : trop belle, elle impose la distance : c’est une femme qu’on contemple, on ne la touche pas, comme les chef-d’œuvre des musées.
En revanche, si « une fille laide est une fille qu’on saute sans élan », c’est parce qu’on est proche d’elle.
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