J'veux mourir malheureux pour ne rien regretter
Daniel Balavoine - Le chanteur (à écouter et à voir ici - à lire là)
Et voilà : une leçon de sagesse pour le prix d’une chanson populaire : vous en avez pour votre argent !
La mort du bûcheron nous avait déjà préoccupé (19 février) ; celle de Balavoine renouvelle l’approche. Le malheur aurait donc une utilité, une fonction positive si vous voulez. Comment ne pas regretter une vie que l’on quitte ? Quel malheur rend la vie invivable ? Comment faire pour que la mort soit perçue comme une délivrance, ou au moins comme une issue acceptable ? Bref : quel est le malheur qui dédommage de la perte de la vie ?
Je n’épiloguerai pas sur la définition du malheur, aussi délicate que celle du bonheur ; d’ailleurs, pour mourir sans rien regretter faut-il nécessairement être malheureux ? Deux exemples montreront que non.
Premier exemple : Lévi-Strauss qui a aujourd’hui 98 ans. Il a déclaré récemment qu’il ne regretterai pas de mourir car le monde tel qu’il est devenu ne l’intéresse plus (entretien sur France 2 du 17 février 2005). Plus de Nambikwara emplumés : ils portent tous des tee-shirt siglés Coca-Cola. D'ailleurs, plus de plumes : les oiseaux sont morts avec la forêt amazonienne. C’est un peu comme les vieilles personnes qui confient que la vie ne les concerne plus parce que tous leurs proches sont déjà mort : on a vécu trop longtemps, disent-elles… Il ne s’agit pas de malheur ni de bonheur ; il s’agit du monde où on aurait pu être heureux ou malheureux : c’est lui qui est parti le premier.
Deuxième exemple : moi. (1). Suis-je favorable au don de mon corps à la science ? C’est le moment de se déclarer, afin que tous ceux qui auront lu ces lignes puissent faire savoir aux urgentistes s’ils peuvent ou non affûter leur scalpel à l’approche de mes derniers moments. Eh bien je le dis : je veux mourir après avoir usé tous mes organes au point qu’il ne reste rien de récupérable. Voilà. C’est égoïste, mais c’est comme ça que j’entends utiliser ce que la nature m’a donné. C’est comme ça que j’entends pouvoir « ne rien regretter ». Ce qui ne signifie surtout pas être malheureux.
Point final.
(1) S’agissant d’un Blog, il est d’usage que la confidence intime apparaisse de temps en temps.
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