Ce qu'un autre aurait aussi bien fait que toi, ne le fais pas. (…) Ne t'attache en toi qu'à ce que tu sens qui n'est nulle part ailleurs qu'en toi-même. [Toi] le plus irremplaçable des êtres.
Gide - Les nourritures terrestres
- Robert, le plus irremplaçable des êtres ? Ah ouich ! Heureusement ! Comme ça, quand y s’ra crevé, des comme lui, y en aura plus.
- Ecoute, Raymonde, tout être humain est une créature de Dieu. Dieu l’a créé, et Dieu l’aime. Tel qu’il est
- Ah, ben il est pas difficile, Dieu. Moi, à sa place, j’y f’rais savoir à Robert que quand y m’fout une torgniole c’est un sale type.
- Oui, Raymonde, peut-être que Robert ne devrait pas te battre. Mais dis-toi que sa violence et son injustice sont les épreuves que Dieu t’envoie pour t’éprouver et pour que tu mérites ton Paradis.
- Alors, mon Père, vous dites tout de même que Robert, quelque part, il a raison de me cogner et que c’est pour mon bien ?
- Les voies de Dieu sont insondable, Raymonde. Connais-tu l’histoire du pauvre Job ?
- C’est l’histoire d’un type qu’a pas de boulot ? Qu’est-ce que j’ai à en faire ?
- Mais, non… Enfin, je ne sais pas moi, mais tu dois te dire que Robert est ton mari, que tu l’as choisi, épousé devant Dieu et devant les hommes, que tu l’as accepté, pour le meilleur et pour le pire.
- La pire, ça ouich, on peut le dire. Cet ivrogne est le pire des maris, le pire des feignants, le…
- Raymonde, écoute bien ce que je vais te dire. Dieu a voulu que la femme soit soumise à l’autorité de son mari, et s’il la bat en rentrant le soir, c’est qu’Il l’a permis.
Si Robert ne sait pas pourquoi il te bat, Dieu, Lui, le sait.
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