Wednesday, January 14, 2009

Citation du 15 janvier 2009

Une Israélite :

Tout Israël périt. Pleurez, mes tristes yeux. / Il ne fut jamais sous les cieux / Un si juste sujet de larmes.

[…]

Quel carnage de toutes parts ! / On égorge à la fois les enfants, les vieillards, / Et la soeur et le frère, / Et la fille et la mère, / Le fils dans les bras de son père. / Que de corps entassés ! Que de membres épars, / Privés de sépulture ! / Grand Dieu ! tes saints sont la pâture / Des tigres et des léopards.

Jean Racine Esther, acte I, scène 5 vers 367-370, et 386-394

En ces tristes temps de guerre et de massacres, peut-être faudrait-il laisser de côté la presse et les medias de toute sorte, et revenir vers nos classiques.

… Racine décrit dans Esther un épisode relaté dans la Bible, où la diaspora juive est menacée de massacre par le roi de Perse, conseillé par le perfide Haman. Esther, une jeune juive qui avait séduit le roi incognito révèle ses origines et obtiendra in fine la grâce de son peuple.

C’est ce massacre qui est imaginé par l’Israélite de la scène 5, citée ici.

Déjà, De Gaulle avait fait scandale en parlant du peuple israélien comme d’un peuple sûr de lui et dominateur. La guerre menée par Israël contre le Hamas est elle aussi source de trouble, comme les autres guerres qui l’ont précédées : c’est que, dans la culture judéo-chrétienne, la place de la victime, de l’innocente brebis promise au sacrifice, est occupée par le peuple juif. Quand la shoah a été révélée, c’est cette tradition qui est revenue en force : décidément, le peuple juif est un peuple soumis à une menace permanente de mort. Les prophéties de l’Ancien Testament sont toujours d’actualité.

Bref : le trouble vient lorsque la brebis se fait louve, quand le peuple victime devient celui qui massacre les petits enfants. Quand dans les rues on défile derrière une pancarte où est écrit : « Gaza=Auschwitz », la simple idée qui est ainsi évoquée nous transit d'horreur. Mais si on avait écrit : « Hamas=Hitler », ça n’aurait peut-être pas scandalisé tout le monde. Pourquoi ? Parce que le plus horrible, c’est quand le peuple de victimes est celui qui devient le bourreau.(1)

Que les victimes qui savent ce que c’est qu’un carnage subi, quand on a égorgé à la fois leurs enfants, et leurs vieillards, quand on a vu tous leurs corps entassés, alors on ne peut être soi même celui qui égorge et qui massacre.


(1) Oui, je sais bien que les Palestiniens sont aussi des victimes... Mais ce qui choque dans cette guerre, pour ceux qui défilent contre la guerre menée par Israël, c'est de défiler pour le Hamas.

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