Saturday, January 17, 2009

Citation du 18 janvier 2009

Ces mains qui fermeront mes yeux et ouvriront mes armoires.

Sacha Guitry

Je ne sais pas de quel ton Sacha Guitry prononça cette phrase. On peut supposer que ce fut avec une nuance désabusée : notre mort ne laissera pas que des éplorés ; elle laissera aussi des héritiers.

La pensée de ce démembrement des biens accumulés pendant toute l’existence est parfois un chagrin qui s’ajoute à celui de ne plus voir le jour.

Autrefois, tous les biens n’étaient pas forcément transmissibles. Les biens de mainmorte (en particulière ceux des congrégations), avaient un possesseur perpétuel : la congrégation, justement. Les terres mainmortables ne sont pas transmissibles aux descendants de ceux qui les ont valorisées par leur travail (voir ici).

Aujourd’hui, il en va autrement :

- Il y a ceux qui disposent selon un testament détaillé la façon dont leurs biens doivent être répartis.

- Il y a ceux qui préfèrent ne pas y penser et qui laissent leurs armoires ouvertes à tout vent.

- Il y a ceux qui préfèrent tout bazarder à l’avance, comme Alain Delon qui vend sa collection de tableaux en disant qu’il ne souhaite pas la laisser à ses héritiers.

- Il y a ceux qui font des dons à l’Etat, aux associations caritatives, etc…

Mais n’oublions tout de même pas l’exemple que nous laisse le moyen âge : celui de il y a Guillaume le Maréchal, chevalier du XIIème siècle dont Georges Duby nous raconte la vie. Avant de mourir et selon la coutume, Guillaume donne tous ses biens à ses proches, et à ceux qu’il veut favoriser. Tous ses bien entendez : y compris les vêtements. Il doit – c’est la coutume – partir vers l’autre monde comme il en est venu : tout nu.

Voilà une bonne perspective, issue de la sagesse médiévale : tant que vous le pouvez, manger, buvez, liquidez tout votre bien. Donnez tant qu’il vous plaira – même si ça déplait aux aspirant héritiers, comme avec la famille de Liliane Bétancourt (de l’Oréal).

Un linceul n’a pas de poches… (1)


(1) No pockets in a shroud de Horace Mac Coy (et film de J-P Mocky)

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