Friday, January 02, 2009

Citation du 3 janvier 2009


Eh quoi ! y aurait-il une idée en soi (= essence) de l'homme, du feu ou de l'eau? — J'ai souvent douté, Parménide, répondit Socrate, si on en doit dire autant de toutes ces choses que des autres dont nous venons de parler. — Es-tu dans le même doute, Socrate, pour celles-ci, qui pourraient te paraître ignobles, telles que poil, boue, ordure, enfin tout ce que tu voudras de plus abject et de plus vil? et crois-tu qu'il faut ou non admettre pour chacune de ces choses des idées différentes de ce qui tombe sous nos sens ? — Nullement, reprit Socrate; ces objets n'ont rien de plus que ce que nous voyons ; leur supposer une idée serait peut-être par trop absurde.

Platon – Parménide [130c] 130d]


Dans la série : les tabous qui nous dégoûtent, voici aujourd’hui le poil.

Quand Parménide cherche un exemple de ce qu’il y a de plus vil chez l’homme, il trouve le poil, qu’il associe à la boue et à l’ordure. De cela il ne saurait y avoir une essence suprasensible, car avec le poil, la boue et l’ordure on a déjà atteint le summum de l’ignoble.

Et Socrate abonde dans ce sens.

Laissons le débat métaphysique aux métaphysiciens, et venons-en à la chose même : pour vous, le poil est-il ignoble ? Faut-il comme semble le penser Platon en faire une sous réalité, au point que l’arborer serait déshonorant ? Faut-il le raser, l’épiler, l’éradiquer à coup de laser ?

Mon ami Henri Kaufman dans son excellente vidéo « 7 bonnes résolutions qui décoiffent » suggère aux messieurs de demander à leur chère et tendre épouse de renforcer leur potentiel érotique en se laissant pousser les poils sous les bras. Reconnaissons lui un courage certain, pour affronter le préjugé platonicien qui refuse de reconnaître de la valeur aux poils.

Car le poil est jugé dégoûtant, répugnant, ridicule. La femme à barbe est un monstre de foire, la mamie que détestent les petits enfants pique quand on l’embrasse ; et la pauvre Félicie de Fernandel a du poil aux pattes…

Et pourtant, messieurs, si chacun de vous se laissait aller aux confidences, le poil féminin serait-il si mal jugé ?

Loin de moi l’intention d’entrer dans le détail des vertus érotiques du poil, ni de disserter sur les pulsions primitives qu’il stimule chez l’homme.

Je dirai simplement que chacun devrait faire son examen de conscience et se rappeler (1) qu’Eugène Delacroix n’a pas hésité à doter sa Liberté conduisant le peuple de poils sous les bras qui n’ont rien d’allégoriques.

Croyez-vous que sans cela le peuple l’aurait suivie, la Liberté ?


(1) Cf. mon Post du 18 octobre 2008

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