Monday, January 19, 2009

Citation du 20 janvier 2009

Les mots que le serpent a glissés dans l’oreille d’Eve sont la vérité, toute la vérité et rien que la vérité au sujet des êtres humains : ils aiment la bonne bouffe et ils adorent transgresser la loi.

Nancy Huston – Instruments des ténèbres. p. 28

On-ne-nous-dit-pas-tout !

Tenez, à propos du serpent et d’Eve : dans la Genèse, le serpent se borne à promettre à Eve le bonheur par la connaissance du Bien et du Mal. Jamais il ne nous est dit qu’il lui apprit que c’est dans la nature humaine de transgresser la loi. Car, s’il a bien dit ça, Eve n’est plus aussi coupable : c’est la nature humaine qui a agi à travers elle, non son libre arbitre.

Alors, vous allez me dire que Nancy Houston, elle dit ce qu’elle veut, mais que sa parole, ce n’est pas parole d’évangile. Soit.

Laissons tomber le serpent (1) alors, mais gardons l’affirmation que les êtres humains …ils adorent transgresser la loi.

Ça, ce n’est pas un scoop. Déjà, il y a bien longtemps, Durkheim le disait : statistiquement, il y aura toujours des hommes qui voudront transgresser la loi. Et c’est pour cela qu’il faudra toujours des lois répressives, et des sanctions pour bien montrer ce qui est défendu. Car – et c’est là que l’analogie avec la bible est la plus évidente – la désobéissance est une force corrosive dans la société, elle sème l’anomie partout où elle est tolérée.

La permissivité n’est pas une vertu sociale, c’est une faiblesse, c’est le résultat d’un affaiblissement de la société, qui à son tour, produit un délitement du lien social.

Voilà donc le message de Durkheim : ce qui fait la force de la société ne peut que s’affirmer contre les tendances des individus. La répression fait partie de la société, comme ce qui la rend possible, tout simplement.

Freud a dit la même chose à peu près au même moment.

Et puis Rousseau : L’homme est né libre et partout il est dans les fers, (Contrat social)

Il semblerait qu’il ne faille pas le regretter ?



(1) D’ailleurs même pas sûr que ce soit un serpent : voyez comment la cathédrale de Reims le représente.





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