Citation du 4 janvier 2009

Si les locomotives étaient conduites comme l'Etat, le machiniste aurait une femme sur les genoux.

Alain – Propos

- Quoi ? Alain, notre philosophe national, aurait commis une telle remarque ?

- Quoi, son radicalisme aurait fini par ces propos de salle de garde ?

- Quoi, ce grand philosophe est naïf, au point d’imaginer que la secrétaire est sur les genoux du Président et non sous son bureau ?

… Il faut raison garder. Ce que Alain nous suggère, c’est que le char de l’Etat est bien mal piloté, et que le chef d’Etat se permet des approximations que n’importe quel machiniste doit s’interdire.

Autrement dit, la politique est la seule activité qu’on peut faire tout en restant un amateur.

Comme ça, ça vous va mieux ?

Non, je vous sens encore réticent : même si nous écartons corruption, népotismes et autres vilenies, ne serions-nous pas entrain d’excuser à l’avance les erreurs de gouvernance, les bourdes et les incidents diplomatiques, les investissements improductifs et les déficits abyssaux ?...

Au fond, avant de parler d’un droit à l’erreur en politique, demandons-nous quel est le statut de l’erreur dans ce domaine.

- S’agit-il d’une conséquence de la nature humaine, du genre de celle que dénonce Kant (1) ?

- S’agit-il d’un excès de passion lié plus particulièrement à la nature de ceux qui ambitionnent les responsabilités politiques ?

- S’agit-il d’une erreur due aux méandres insoupçonnables de l’histoire ?

- S’agit-il plutôt d’une inconséquence exceptionnelle, quelque chose comme une carence rare de la réflexion, voire même un crétinisme avéré ?

Notre société du spectacle nous a habitué à ces élections qui se jouent sur le charisme médiatique du candidat plus que sur ses capacités à gouverner.

Ça veut dire :

- ou bien que nous ne croyons pas que qui conque ait de telles capacités, et donc qu’il n’y a qu’à choisir en fonction de l’aspect décoratif ;

- ou bien que nous ne savons même pas quelles sont les qualités qui constituent le talent des bons gouvernants.

(1) « le bois dont l'homme est fait est si noueux qu'on ne peut y tailler des poutres bien droites. » Kant – Idée d’une histoire universelle… (6^ème proposition)