Mais le dormir de l'Aube, aux filles gracieux, / Vous tient d'un doux sommeil encor les yeux sillée. / Çà ! çà ! que je les baise et votre beau tétin, / Cent fois, pour vous apprendre à vous lever matin.
Ronsard – Marie, levez-vous, ma jeune paresseuse (Second livre des Amours)
Un peu de poésie et de tendresse dans un monde de brute.
Ronsard, mon cher Ronsard, viens nous peindre la nature et l’amour pour nous délasser de la noire actualité.
- Et Ronsard de répondre : voici l’histoire de Marie contée par son jeune amant.
Marie s’était promise de jardiner au lever du soleil, quand l’alouette dialogue avec le rossignol et quand l’herbelette perle de rosée.
Hélas ! La paresseuse dort oubliant d’aller contempler dès le matin les boutons de son rosier et ses œillets mignons.
Un autre oubli encore : Marie avait juré d’être réveillée avant son amant. Mais voilà : c’est lui qui lui reproche sa paresse et son indolence, et le « dormir de l’Aube » qui la maintiennent dans son doux sommeil.
Il le lui reproche ? L’hypocrite ! Car voici l’envoi du sonnet :
Çà ! çà ! que je les baise [vos yeux fermés] et votre beau tétin,
Cent fois, pour vous apprendre à vous lever matin.
- Voilà : Ronsard, c’est l’art de relier la poésie au vécu quotidien.
Car dites-moi, supposons que vous ayez près de vous, dans votre lit une belle jeune femme profondément endormie. Vous allez la réveiller, vous, plutôt que de lui baiser les tétins ?
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