Friday, January 16, 2009

Citation du 17 janvier 2009


Dans le corps humain, les membres malgré leur diversité s'adaptent merveilleusement l'un à l'autre, de façon à former un tout exactement proportionné et que l'on pourrait appeler symétrique. Ainsi, dans la société, les deux classes sont destinées par la nature à s'unir harmonieusement dans un parfait équilibre. Elles ont un impérieux besoin l'une de l'autre : il ne peut y avoir de capital sans travail, ni de travail sans capital. La concorde engendre l'ordre et la beauté. Au contraire, d'un conflit perpétuel il ne peut résulter que la confusion des luttes sauvages. Or, pour dirimer ce conflit et couper le mal dans sa racine, les institutions chrétiennes ont à leur disposition des moyens admirables et variés.

Rerum novarum – Lettre encyclique de sa Sainteté le Pape Léon XIII (1891)

Que n’a-t-on dit des atrocités sociales tolérées par le Vatican, oubliant Léon XIII sa célèbre encyclique Rerum novarum ? La doctrine sociale de l’Eglise qui y est affirmée a pourtant inspiré le Vatican suffisamment pour que Jean-Paul II la reprenne en 1991 pour son centenaire (2)

Voyez plutôt :

1 – La concorde entre prolétaires et capitalistes y est célébrée comme un objectif supérieur.

2 – Le travail – et donc le travailleur – sont indispensables au capital, ce qui donne à entendre que l’usure et la finance ne sont pas des façons chrétiennes de s’enrichir.

3 – Et si le Pape dit que les institutions chrétiennes ont à leur disposition des moyens admirables et variés de résoudre les conflits sociaux, on peut supposer qu’en font partie et le partage des richesses, et l’amour du prochain.

Qu’est-ce qu’il vous faut de plus ?

Pour le lecteur de Marx, ce qui manque au texte de l’Encyclique de Léon XIII (et on en dirait de même de celle de Jean-Paul II) c’est la reconnaissance des mécanismes qui agissent sur les hommes. L’économie de marché – car c’est bien d’elle qu’il s’agit – a pour propriété d’opposer les hommes les uns aux autres, et de les réduire à n’être que des forces économiques. Quel est le juste prix du travail et de son produit ? Qu’est-ce qui fonde la propriété ? Quelle est l’origine du profit ?

Toutefois :

Voyez par exemple cette dernière question. L’Encyclique de 1991 reprenant explicitement celle de Léon XIII, affirme tranquillement que c’est l’homme lui-même – en non la terre, et non le capital – qui est la source de la richesse. Ce qui veut dire que non seulement l’économie réelle doit passer avant l’économie virtuelle, mais aussi que les chrétiens considèrent l’économie comme un système dont la raison d’être est d’aider au développement moral de l’homme.

Reste que, en publiant son Encyclique en 1991, Jean-Paul II est tout à la victoire sur le communisme et il pense que les pays du Tiers-monde ont encore la possibilité d’explorer une Troisième voie (Cf.IV - § 42). Qu’en diraient aujourd’hui la Chine et l’Inde ? Y a-t-il encore une place dans le monde pour le « modèle » chrétien ?

L’Afrique peut-être ?


(1) Dirimer (mot du jour) : trancher, supprimer

(2) Encyclique Centesimus annus

No comments: