Wednesday, March 18, 2009

Citation du 19 mars 2009

Gaby, je t'ai déjà dit que t'es bien plus belle que Mauricette
Qu'est belle comme un pétard qu'attend plus qu'une allumette
Ça fait craquer, au feu les pompiers

Gaby – Chanson d’Alain Bashung [texte et vidéo]

Comme à beaucoup de ses admirateurs, la mort d’Alain Bashung me laisse le sentiment d’avoir perdu quelqu’un qui comptait. J’avais consacré un post au vertige de l’amour le 29 août 2007. Aujourd’hui c’est le tour de Gaby et de Mauricette…

Rhétorique 1 – La métaphore

T’es belle comme un pétard qu'attend plus qu'une allumette… Depuis cette chanson, combien de filles se sont entendues complimentées de cette façon par leur petit copain ?

C’est très exactement ce qu’on appelle une métaphore, c'est-à-dire la désignation de quelque chose (= Mauricette) par une autre chose qui lui ressemble (le pétard qui est sur le point d’exploser). Autant dire qu’une métaphore ça peut être d’une affligeante platitude. Ou que ça peut être très pompier. Ou encore très barbant.

Et puis il y a la métaphore qui fait mouche, celle qu’on appelle depuis Ricœur, la métaphore vive.

Outre sa nouveauté, la métaphore vive est celle qui loin d’être une fantaisie sans consistance, libère un aspect oublié ou méconnu de la réalité. La platitude quant à elle résulte de la métaphore morte, celle qui copie le réel tel qu’il est, ou plutôt tel qu’on a pris l’habitude de le voir.

Selon Ricœur, la métaphore vive a ce pouvoir de révélation grâce à la capacité qu’a la parole de susciter du sens nouveau. Alors certes, la métaphore reste une mimésis (imitation), mais disons alors que cette mimésis est révélante.

« S'il est vrai que tout emploi du langage repose sur un écart entre les signes et les choses, il implique en outre la possibilité de se tenir au service des choses qui demandent à être dites » (1)

Voilà l’essentiel : il y a des choses qui demandent à être dites, comme il y a des pétards qui n’attendent plus qu’une allumettes.


(1) Ricœur – « Mimésis, référence et refiguration dans Temps et Récit », Etudes Phénoménologiques n°11, 1990, p.40. Sur la métaphore vive chez Ricoeur, on peut lire ceci.

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