Quand ils sont venus / chercher les communistes / JE N'AI RIEN DIT / Je n'étais pas communiste.
Quand ils sont venus / chercher les syndicalistes / Je n'ai rien dit / Je n'était pas syndicaliste.
Quand ils sont venus / chercher les juifs / Je n'ai rien dit / Je n'étais pas juif.
Quand ils sont venus / chercher les catholiques / Je n'ai rien dit / Je n'étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher / Et il ne restait plus personne / pour protester.
Poème retrouvé à Dachau et attribué au pasteur Niemöller
Peu importe que ce poème soit authentique ou pas : sa vérité éclate de toute façon.
Terrible leçon de morale et de justice. Oui ; mais la quelle ?
Le sens de la justice relève de deux voies différentes :
- l’une est la valeur intrinsèque de la justice. Chaque homme a le droit à sa protection, par principe.
- Et puis il y a la voie égoïste : en protégeant l’autre, la justice s’engage à me protéger moi.
Et c’est apparemment le sens de ce texte : j’aurais dû protéger les communistes, parce que j’aurais alors revendiqué une protection qui devait en même temps valoir aussi pour moi.
Oui, mais dira-t-on, cette vue est bien étriquée. La justice relève d’un principe supérieur : on n’a pas à se demander si je serai ou non justiciable un jour pour réclamer sa stricte application – car sinon, le dictateur que la puissance met au-dessus des lois aurait tout à fait raison de bafouer le droit. C’est à l’humanité qu’on doit rendre justice, pas à des individus.
C’est vrai, mais en même temps, c’est utopique. L’humanité ne procède pas comme ça ; elle procède par emboîtement d’individualismes et d’égoïsmes. Ses progrès, quand ils ont eu lieu, ont été dus au fait qu’à travers l’intérêt d’autrui, c’est mon propre intérêt qui progressait.
Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Qui donc a dit ça ?
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