Sunday, March 22, 2009

Citation du 23 mars 2009

«Schild op vriend?» (en flamand) [«Bouclier et ami?» (traduction française)]

Pierre Coning

Cette formule qui se rapproche de l'anglais «friend or foe?» devait décider du sort de tous ceux que l'on rencontrait à l'aube du 18 mai 1302 dans les ruelles de Bruges.

Il était impossible à qui n'était pas natif des Flandres de prononcer correctement cette expression. Les Français de la garnison se trouvaient ainsi démasqués et passés par les armes de la populace soulevée par Pierre Coning, un tisserand jaloux des libertés flamandes. (Voir le reste ici)

Le hurlement des loups est un moyen d’identification, chaque horde ayant ses propres modulations. On dit que les louveteaux passent des nuits entières à s’exercer à vocaliser comme ceux de leur meute : c’est leur moyen d’identification, sans le quel ils se feraient impitoyablement étrangler par leurs propres congénères. Il faut hurler avec les loups, mais pas avec n’importe les quels : spécialement avec ceux de notre bande.

Attendez : ce n’est pas ce genre de morale que je cherche à communiquer aujourd’hui.

Non : ce que je cherche c’est à comprendre sur quelle base nous nous identifions à notre groupe.

Parce que, n’est-ce pas, l’aspect extérieur est certes important, que ce soit la couleur de la peau, la coupe de cheveux ou le tee-shirt de supporter ; oui, mais il y a plus subtil. La langue compte aussi (voyez en Belgique), et quand ça ne suffit pas les rites religieux (voyez en Ireland).

Mais, par-dessus tout il y a l’articulation, l’accent, ce qui permet aux individus de se reconnaître plus sûrement que les chiens en se reniflant, et aussi bien que les loups en hurlant.

Nul doute que si les choses tournent mal en Belgique, on entende à nouveau «Schild op vriend?» dans les faubourgs de Bruxelles.

Oui, mais et chez nous ?

Lorsque l’Etat français utilisa l’Ecole pour détruire les langues régionales entre la fin du 19ème el le début du 20ème siècle, il ne parvint pas à supprimer l’accent des locaux, et c’est cela qui fait encore la différence. Si vous ne me croyez pas, écoutez les comptes-rendus du procès du « berger corse » : les journaliste corses parlent du procès Colo’(nna). Sans accent tonique, pas de corse !

Bon j’aurais pu prendre comme illustration l’adaptation de la pièce de Bernard Shaw, Pygmalion, porté à l’écran par Georges Cukor sous le titre My fair lady.

Mais non, je préfère parler de l’accent français.

Heu, pardon : corse.

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