Défense de mélanger les choses : tu ne laboureras pas avec un bœuf et un âne.
Paul Claudel – Journal
Les théories racistes font aussi une critique du mélange – des races en l’occurrence.
Et voilà que pourtant, le métissage donne des êtres bien souvent plus beaux et plus forts que ceux qui sont restés dans les races « pures ».
Ces observations montrent que le mélange dont parle Claudel porte non pas sur des hommes, mais sur des choses, et même plus exactement sur des fonctions : le bœuf et l’âne n’ont pas la même fonction et voilà pourquoi il ne faut pas les atteler ensemble.
L’homme quant à lui ne relève pas de cela, parce qu’il ne se réduit pas à une fonction. C’est même un critère pour juger de l’ordre voulu dans tel pays ou telle culture que d’y observer comment les hommes sont mêlés ou au contraire séparés. L’apartheid ne voit pas des hommes, il voit des races. C’est vrai, mais surtout il les réduit à leur fonction, maître ou esclave, pauvre ou riche.
Ainsi naissent les castes qui nous montrent comment s’articule la pureté et la fonction. Au sein des castes, chacun se définit ainsi par les tâches qui lui sont imposées ou interdites. C’est le rôle social qui confère la pureté et l’impureté, pas l’inverse. Qu’on se rappelle le temps où existaient les bourreaux : ils était mis à l’écart du village, le pain qui leur était destiné était retourné pour ne pas se confondre avec celui que chacun pouvait manger. Torturer et tuer faisait d’eux des intouchables.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
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