Sunday, March 01, 2009

Citation du 2 mars 2009

De mon style, Monsieur ? Si par malheur j'en avais un, je m'efforcerais de l'oublier quand je fais une comédie, ne connaissant rien d'insipide au théâtre comme ces fades camaïeux où tout est bleu, où tout est rose, où tout est l'auteur, quel qu'il soit.

Beaumarchais – (Le mariage de Figaro (préface)

Il y a des auteurs dont les pièces sonnent irrémédiablement faux.

Ce sont ces auteurs de théâtre dont le style, les bons mots, l’esprit est présent à chaque réplique, en sorte que c’est leur voix que l’on entend en surimpression dans chaque tirade.

Y a-t-il un meilleur exemple de cela que Sacha Guitry ? Qu’on se reporte à son cinéma pour s’en persuader : on a côte à côte ses interprète qui disent son texte et lui-même : on sent bien que ces interprètes font ce qu’ils peuvent pour se démarquer de la diction de l’auteur. Mais chaque effort dans ce sens contribue à faire sonner faux leur phrase : il n’y a qu’une façon de la dire et c’est comme le maître, parce que cette phrase est celle du maître.

Que cela soit dans un roman, passe encore. Mais sur une scène de théâtre, voilà qui gène, et Beaumarchais a raison de pointer ces fades comédies où tout est l'auteur, quel qu'il soit.

Alors, le style, qu’est-ce que c’est ?

Au risque de décevoir, je ne peux répondre complètement à une pareille question. Toutefois, nous pouvons déjà comprendre que le style, ce n’est pas l’homme contrairement à ce qu’on dit parfois, mais que plutôt c’est ce qui non seulement permet l’expression d’une pensée authentiquement personnelle, mais qui en plus s'adapte à la chose exprimée.

Je ne connais pas de meilleur exemple que Chateaubriand. Les mémoires d’outre-tombe sont un véritable manifeste pour montrer cette capacité du style à s’adapter au contenu.

C’est même pour ça que tout le monde voudrait écrire comme Chateaubriand : c’est ce qu’on en disait au 19ème siècle, de Victor Hugo (Chateaubriand ou rien !...) à Flaubert, qui en rageait.


(1) Exemple avec ça, où Fernandel et De Funès s’épuisent à faire valoir un texte qui échappe à leur phrasé naturel.

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