Saturday, March 28, 2009

Citation du 29 mars 2009

L'honneur et le profit ne couchent pas dans le même lit.

Cervantès - Nouvelles exemplaires

Voici une observation quasiment proverbiale, et que chacun se répète en cette époque de parachutages dorés.

Comme je n’ai pas l’habitude d’enfoncer les portes ouvertes, je n’en dirai pas plus sur cette évidence.

Et en même temps, reconnaissons-le : nous moralisons à tout va, c’est devenu une manie obsédante : il nous faut de la vertu – partout !

Alors, le profit ferait-il exception ? N’y aurait-il aucune valeur qui accepte de coucher avec lui ?

Bien entendu, vous avez déjà la réponse : à une époque où l’on nous parle de moraliser le capitalisme, on nous a répété sur tous les tons que le profit va avec le mérite. Si vous avez bien travaillé, vous avez produit, donc vous pouvez profiter des fruits de votre travail. Nulle contradiction entre capital et morale, dès lors que le profit = le mérite. Au point que les puritains américains ont érigé cette équation en clé pour accéder au paradis (1).

Comme les deux membres de l’équation sont réversibles on peut aussi bien écrire : mérite = profit – voire même mérite => profit.

J’entends des petites voix qui protestent : elles me disent : « Mais les patrons ils n’ont pas mérité de gagner en prime d’une année ce que nous gagnons en 377 années de salaire (2). »

Alors, écoutez bien : dans un régime capitaliste, travailler signifie faire gagner de l’argent aux autres, à l’entreprise, aux actionnaires – et à vous-même. Le mérite se mesure donc bien au profit qu’on permet de réaliser à tous ceux qui payent votre salaire.

….Hélas ! Ne nous voilons pas la face, arrêtons de nous obsédons avec les parachutes de nos PDG : nous ne sommes pas prêts de voir les gens les plus méritants devenir les plus riches du pays. C’est qu’il y a bien des façons de mesurer le salaire, et le mérite-profit n’est pas toujours le critère choisi. S’il y a des ouvriers payés en-dessous du profit qu’ils apportent à l’entreprise, il y a des patrons payés au-dessus.

- Dernière observation : autrefois – il y a bien, bien longtemps – la valeur politique était : la solidarité, grâce à la quelle nous étions « citoyens responsables ». Aujourd’hui, quand on dit aux patrons du CAC 40 qu’ils doivent êtres solidaires, ils ont des difficultés de compréhension.


(1) Là-dessus voir Max Weber – Ethique protestante et esprit du capitalisme, et … les discours de Notre-Président, décidément beaucoup plus américain qu’on le croit.

(2) Ça peut être beaucoup plus, je sais…

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