- Messieurs les Anglais, tirez les premiers !
Voltaire – Précis du règne de Louis XV, (Récit d’un épisode de la bataille de Fontenoy le 11 mai 1745)
On lira cet excellent récapitulatif des commentaires sur cette répartie du comte d’Anteroche, répondant au capitaine anglais qui l’invitait à ouvrir le feu : « Messieurs, nous ne tirons jamais les premiers ; tirez vous-mêmes ».
Il ne nous importe guère de savoir si cette réplique a été ou non prononcée : il nous suffit de remarquer qu’elle a été retenue comme représentative de la politesse et de l’insouciance d’une certaine noblesse et d’un certain siècle.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit : même au combat, les usages de la Cour restent impératifs, comme si Versailles n’avait pas d’autres frontières que celles du monde, et qu’un champ de bataille soit analogue à un salon aux plafonds dorés.
Est-ce de l’inconscience ? Sans doute. Mais cette inconscience consiste en une confusion ou un oubli : confusion entre un salon doré de Versailles et un champ de bataille. Oubli que les lois qui y règnent ne sont pas les mêmes.
Reste que les objectifs peuvent fort bien quant à eux être absolument identiques. Croit-on que le comte d’Anteroche ne souhaitait pas vaincre ? Non – il souhaitait semble-t-il ne pas être l’agresseur et répondre à la décharge anglaise par un feu roulant de ses canonniers.
Il y a donc de l’agressivité jusque dans la politesse, et si elle n’a pas d’application sur un champs de bataille, rien ne dit qu’il n’y ait pas de lieux où elle permette de remporter la victoire.
Il s’agit donc d’un monde d’affrontement où la politesse est un élément stratégique qu’il faut mettre en œuvre sans quoi on serait mis hors jeu d’emblée.
Tel était le Versailles du comte d’Anteroche ; tel est le business asiatique aujourd’hui.
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