Thursday, August 06, 2009

Citation du 7 août 2009

Le génie est un talent consistant à produire ce pour quoi aucune règle déterminée ne se peut indiquer – […] l’originalité doit être sa première propriété.

Kant – Critique de la faculté de juger, §46

Rien de plus original, rien de plus soi que de se nourrir des autres. Mais il faut les digérer. Le lion est fait de mouton assimilé.

P. Valéry – Tel quel

Bon, résumons nous : alors que pour Kant le génie n’a pas de règles, qu’il est invention, création pure, Valéry ajoute que l’influence des prédécesseurs ne nuit pas à l’originalité du génie, mais qu’un processus de macération vient en métamorphoser l’influence dans le surgissement d’une personnalité nouvelle.

On a encore dans les yeux l’exposition qui a eu lieu récemment à Paris, montrant les tableaux de Picasso, rapprochés des œuvres qui les avaient inspirés (1). On peut considérer que ces chef d’œuvres ont nourris d’autres chef d’œuvres, et donc on peut – avec tout le respect qu’on lui doit – corriger Valéry : le lion doit manger du lion pour faire œuvre de lion.

- Maintenant, doit on considérer que le génie est une propriété de la nature d’un homme, d’un artiste ? Que le génie est génial du matin au soir, et qu’il ne peut produire son œuvre qu’à la condition d’être génial ?

Plus brutalement : le peintre de génie, ne lui arrive-t-il pas de produire des croûtes ?

Si le plagiat est l’exact contraire de la création géniale, que penser de l’auto-plagiat ?

Nous visons en particulier Magritte qui, victime de son succès et pressé par ses agents qui lui passaient des commandes pour des œuvres déjà vendues, a été « contraint » de les reproduire, avec des changements parfois imperceptibles, pour satisfaire sa « clientèle ». Et quand il lui arrive de sortir de ses productions habituelles (pensons à sa période « vache » (2)) il y est reconduit manu militari par ses admirateurs.



(1) On peut regarder une petite vidéo ici

(2) Comme il est difficile de trouver une illustration de cette période qui n’a duré que quelques mois, en voici un exemple, datant de 1948 et titré « la famine ». Où l’on voit que le lion Magritte s’est fait bouffer par les moutons (je veux dire : ses agents commerciaux).

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

merci ...

vous m'inspirez pour mon avant dernier atelier d'écriture
je reviendrai voir votre vidéo
merci maitre de genie (sourires)