Le gouvernement a pour mission de faire que les bons citoyens soient tranquilles, que les mauvais ne le soient pas.
Clemenceau – Discours de guerre
La liberté politique dans un citoyen est cette tranquillité d’esprit qui provient de l’opinion que chacun a de sa sûreté ; et pour qu’on ait cette liberté, il faut que le gouvernement soit tel qu’un citoyen ne puisse pas craindre un autre citoyen.
Montesquieu - De l'esprit des lois – XI, 2
Après la distribution d’argent (évoquée hier), une seconde « fonction régalienne » de l’Etat : la sécurité.
Depuis Montesquieu on l’a suffisamment dit : la première des libertés, c’est la sécurité. Entendons que c’est le préalable à l’usage de nos libertés, sans le quel aucune action libre n’aurait la moindre chance de voir le jour.
Si je reviens là-dessus, ce n’est pas pour enfoncer cette porte que bien d’autres avant moi ont déjà ouverte. Il s’agit plutôt de remarquer combien les conflits présents dans la société sont constitutifs de l’ordre politique. Conflit entre les bons citoyens et les mauvais ; entre le quidam que je croise dans la rue et moi, il y a toute l’épaisseur de la Loi, du moins de ces lois qui interdisent à autrui de me nuire. Si je ne me sens pas en danger, si je n’ai pas l’impression d’être un gibier, si je ne vois pas mes concitoyens comme des prédateurs, ce n’est pas à la bonté de la nature humaine que je le dois, mais bien à l’Etat et à sa police.
Vous voulez une preuve ? Voyez les anarchistes. Pour eux le véritable danger vient de l’Etat c’est lui qui est le véritable responsable de la criminalité avec ses lois liberticides. Oui…
Mais : pour en arriver là il leur faut postuler la bonté de la nature humaine, corrompue non pas par la société comme chez Rousseau, mais par l’Etat. Sans cette nature humaine, plus rien ne tient. Changez de perspective sur elle, et vous changez du coup le jugement sur la fonction de l’Etat.
Dans cette perspective, ceux qui descendent dans la rue pour s’opposer à la police (CRS-SS : voilà ce qu’on criait… avec Dany) sont ceux qui ont oublié que c’est grâce à elle qu’ils peuvent le faire.
Oublier ça, c’est le privilège de la jeunesse.
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