La république est le seul remède aux maux de la monarchie, et la monarchie le seul remède aux maux de la république.
Joseph JOUBERT – Carnets (17 novembre 1791)
Je sais que le mot république a bien des sens différents mais à l’époque de Joubert (ici : 1791) et dans ce texte, il n’admet probablement que cette définition « Organisation politique d'un État où le pouvoir est non héréditaire, partagé et exercé par les représentants (généralement élus) d'une partie ou de la totalité de la population » (TLF)
Bref : en pleine révolution française, Joubert cherche à résoudre le problème politique par une union des contraires, une « démocratie monarchique », ou une « monarchie démocratique », seule apte à guérir les maux produits par chacune de ces organisation lorsqu’elles sont isolées. Chaque forme de gouvernement engendre pathologiquement son contraire : la Monarchie a engendré les désordres de la Révolution ; la République engendre la tyrannie de la Terreur. Leur union serait donc la seule solution possible.
Joubert devrait-il aujourd’hui changer d’opinion ?
Pas besoin de vous faire un dessin je suppose : la dérive autocratique du gouvernement de la France – j’étends pas là l’immixtion de l’exécutif dans les autres pouvoirs – nous met bien en présence de ce mélange dont parle notre moraliste. Notre démocratie « présidentialiste » est faite de pouvoirs indépendants (législatif, judiciaire), soumis à une tendance de tout regrouper sous l’autorité d’un Président, en principe seulement chef de l’exécutif, mais qui en réalité gouverne en détruisant peu à peu les zones où le pouvoir serait encore indépendant.
Reste la question : cette tendance est-elle un problème ou une solution ?
La réponse qui vient à l’esprit est la suivante : comme notre Cinquième république est issue des désordres liés à la faiblesse et à l’instabilité du pouvoir démocratique, on peut admettre que cette irruption de la tendance monarchique soit un remède aux maux de la république.
Oui, mais à partir de quand ce remède devient-il un poison ? Quelle est la dose de monarchie qui est létale pour la démocratie ?
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