Les vieux époux ont le même nombre de poils dans les oreilles tant ils finissent par se ressembler.
Albert Camus – Caligula
Les vieux époux … finissent par se ressembler. Bon. Supposons qu’on vous demande un exemple pour établir cette affirmation. Penseriez-vous à évoquer le même nombre de poils dans les oreilles ? Hein ? Peut-être pas…
Bien sûr vous attendez de La citation du jour qu’elle vous explique pourquoi notre futur Panthéonisé a écrit une pareille chose.
Alors voilà : on sait qu’on vieillit quand on a des poils qui poussent en abondance là où on n’en avait pas ; et je ne parle pas de la moustache des dames qui sont ménopausées. Ni des poils superflus sur les épaules, ou le dos des messieurs. Mais des poils dans le nez, et bien sûr aussi dans les oreilles.
Les vieux époux sont des époux qui ont vieilli ensemble. Si donc ils ont à peu près le même âge, on peut admettre qu’ils voient leur système pileux évoluer simultanément.
Mais s’ils en arrivent à avoir le même nombre de poils dans les oreilles, c’est qu’ils vieillissent non pas seulement ensemble, mais de la même façon. Et c’est là qu’on touche à l’essentiel.
Qu’importe la façon dont on établi les critères du vieillissement. C’est le résultat qui compte : deux vieillards sont aussi différents l’un de l’autre que deux jeunes, sauf si l’on a affaire à un vieux couple.
Et c’est là qu’on touche au paradoxe de ces vieux amants qui comme le dit la chanson, tout en se déchirant (comme toujours), sont devenus irremplaçables l’un pour l’autre.
- Une de mes vieilles voisine est devenus veuve : son vieux mari est mort à l’âge de 85 ans. Depuis elle ne décolère pas contre lui : pourquoi est-il mort ? Tout ce qu’elle faisait avec lui, elle ne peut plus – elle ne veut plus – le faire sans lui.
Aucune présence ne pourra le remplacer : lui seul avait le même nombre de poils dans els oreilles.
No comments:
Post a Comment