Saturday, December 19, 2009

Citation du 20 décembre 2009

Il n'y a jamais eu de créature. Il n'y a jamais eu que le couple. Dieu n'a pas créé l'homme et la femme l'un après l'autre. Il a créé deux corps jumeaux, unis par des lanières de chair qu'il a tranchées depuis, le jour où il a créé la tendresse.

Jean Giraudoux

Origine de l’amour 1

Une fois n’est pas coutume : nous n’allons pas ressortir la Sainte Bible pour faire l’exégèse de cette citation. Non. Prenons-là pour ce qu’elle paraît être : un fantasme inspiré très librement du récit biblique.

Puisqu’on y est, jetons pardessus bord aussi les hermaphrodites de Platon qui ne copulaient jamais parce qu’ils étaient accolées trop étroitement l’un à l’autre.

Alors, de quoi allons-nous parler ? De la gémellité ? Patience, je garde ça pour votre petit Noël.

Il nous reste malgré tout la tendresse, que Giraudoux nous présente comme la conséquence d’une rupture. Là où les lanières de chair ont été tranchées, il reste, entre deux êtres qui étaient unis le plus étroitement possible, la tendresse. Elle est ce qui reste quand on a perdu l’union charnelle.

A quoi pensait donc Giraudoux en parlant des lanières de chair unissant le couple originaire ? J’admets qu’il ne peut s’agir du cordon ombilical (1), puisqu’il unit la mère et l’enfant, alors qu’on a ici deux adultes (il le faut bien pour former un couple).

Vous voyez donc comme moi qu’on n’a plus le choix : à moins d’imaginer l’enlacement de chacun dans les bras de l’autre (et encore, on est loin des « lanières de chair »), il ne reste plus que le pénis.

Je vous vois froncer un peu les sourcils : des lanières, ça veut dire qu’il y en avait plusieurs. Or comme il n’y a qu’un pénis (vu qu’on sait qu’il s’agit de l’homme et de la femme), en quoi consistent les autres liens de chairs ?

J’ai dit tout à l’heure qu’à mon avis Giraudoux fantasmait. Pourquoi ne pas en faire autant ?

Vous me direz à quoi vous avez fantasmé en lisant ce Post. Moi, j’imagine qu’en plus du pénis, le lien de chair qui unissait Adam et Eve, c’était la langue. Vous voyez ce que je veux dire ? En tout cas c’est possible.

Et même c’est tout à fait raccord avec ce qui suit : sans le sexe et sans la possibilité de se parler ce qui unit encore deux êtres, c’est la tendresse.

Vous devriez essayer.


(1) C’était pourtant la thèse de Freud pour qui la tendresse est la transposition de la relation mère-enfant (déjà proposé dans le Post du 12 mars 2007).

1 comment:

Sophie said...

Petite promenade quotidienne ....
merci pour cette citation du jour !
je suis fière d'être dans vos liens !
sophie (des grigris)