Pourquoi demander plus et prétendre rester toujours en fête, alors que les fêtes n'ont qu'un temps ?
Christian Chabanis
…les fêtes n'ont qu'un temps….
Vous vous demandez peut-être si je vais aujourd’hui encore faire mon rabat-joie : le fêtes n’ont qu’un temps, braves gens ! Fêtez joyeusement la fin de l’année, en pensant que demain, pauvres mortels, vous ne serez plus que poussière…
Ou peut-être si, oubliant mes Posts passés, je vais me lancer dans un commentaire pour expliquer que le temps de la fête est un moment du cycle de la vie sociale ?
Que nenni !
Plutôt que de pérorer sur ce qui a déjà été dit, je voudrais attirer votre attention sur l’extrême valeur de l’éphémère, du léger, du superficiel (1).
Au fond, la fête serait-elle si joyeuse si elle devait durer toujours ? Une fête qu’on n’attendrait pas parce qu’elle serait toujours là ? Tel est le supplice inventé pour les rois et les riches : souffrir de ce qui fait jouir le peuple – souffrir de ce qui jamais ne cesse.
L’éphémérité de la fête, c’est un peu le symbole de la vie : c’est ce qu’on doit faire entre un début et une fin ; ce qui n’a de sens que parce, justement, il y a un début et une fin. Heidegger en a fait des volumes entier là-dessus avec le « souci de la vie » ; mais avant lui Kierkegaard l’avait remarqué : pas de sérieux de l’existence sans la représentation de la mortalité ; et avant eux Pascal ; et avant Pascal, les Egyptiens avec la tête de mort au milieu de la table du banquet…
Stop ! Vous m’avez compris ! C’était là que je voulais en venir : vous qui préparez la table du Réveillon de la Saint Sylvestre, ne manquez pas de mettre un tête de mort au milieu pour exciter le tonus de vos convives.
Quant à ceux qui n’auraient pas compris, mettrez les dehors, ou bien dites leur : Buvez et riez parce que demain vous serez mort ! (2)
- Encore un conseil : fabriquez vous-même votre tête de mort, avec du sucre cuit – quelque chose qui ressemble à ça :
Comme ça après les douze coups de minuit vous pourrez la partager entre vos invités, créant ainsi un nouveau rite pour la fête de fin d’année.
Elle est pas belle la vie ?
(1) En fait, j’ai déjà abordé le léger avec cette magnifique citation de Jacques Chirac ; et le superficiel avec Le Clézio. Mais qu’y puis-je ? Il y a tant de facettes à la réalité qu’on peut y revenir sans avoir peur de se répéter.
(2) Ou si vous préférez : « demain vous serez au travail »
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