L’important n’est pas de guérir mais de vivre avec nos maux.
Gide (citant la correspondance de l’abbé Galiani avec madame d’Epinay)
On comprend que cette remarque vaut tout particulièrement lorsqu’on est atteint d’un mal incurable mais non foudroyant, comme une malformation cardiaque ou un diabète de type1. C’est en effet dans ce cas, lorsqu’on n’a pas vraiment le choix de rester ou non porteur de la maladie, qu’on peut se demander : Comment faire pour vivre avec notre mal ?
La première idée qui nous vient est une idée chrétienne : comme Pascal qui demandait à Dieu le bon usage des maladies (voir ici), ou plus simplement tous ceux qui voient dans les affres de l’agonie une épreuve pour le rachat de nos péchés.
On objectera qu’alors il ne s’agit pas de vivre avec nos maux mais de mourir avec eux. Est donc plus pertinente l’attitude stoïcienne, et ce sera la seconde idée qui nous vient.
Etre stoïcien, c’est considérer que tout ce qui se produit dans la nature est non seulement inévitable, mais qu’encore c’est une bonne chose et que nous devons l’accepter – et non pas seulement le subir : Sequi naturam, dit-on et ce n’est pas une position de passivité.
Je lisais récemment dans un ouvrage consacré à ces maladies mortelles – enfin, peut-être pas forcément, ou pas tout de suite : ce qui ajoute une note d’espoir au désespoir général – qu’un cancer doit être considéré comme ça, je veux dire qu’il est une partie intégrante de nous, qu’on ne doit pas en souffrir comme d’un corps étranger. Le cancer n’est pas moins toi que tes cellules saines (Emmanuel Carrère – D’autres vies que la mienne), voilà comme on apprend à vivre avec le mal qui nous ronge.
L’idée est sans doute que la souffrance vient non pas de la maladie, mais de la lutte que nous menons contre elle. Pourtant, c’est aussi une attitude inhumaine en ce qu’elle exige de nous d’aller contre notre instinct de survie. Mais c’est surtout une attitude qui implique le rejet d’une disposition naturelle, ce qui est un comble pour un stoïcien.
Nous connaissons en effet fort bien à présent (ce que ne connaissait pas l’abbé Galiani) qu’il existe une fonction qui, depuis la conception de notre organisme, élimine impitoyablement tout ce qui n’est pas de même nature que nous. C’est de notre système immunitaire que je veux parler : il refuse que nous vivions avec nos maux.
D’ailleurs, le Nobel de médecine est allé cette année à des chercheurs qui ont fait progresser les connaissances dans ce domaine, et en particulier qui ont mis en évidence le fait qu’un organisme vivant, dès sa naissance, est capable d’opérer une telle distinction entre ce qui lui appartient et ce qui est corps étranger. Il ne s’agit donc pas dans ce cas d’un « apprentissage » mais d’un dispositif donné avec la vie.
2 comments:
Je vous cite (larga manu) :
http://www.unairneuf.org/2011/11/vivre-souffrance-dependance-hamel-arret-tabac-fumer.html
Cordialement, un fidèle lecteur,
Unairneuf.org
Merci de votre confiance - et de votre constance.
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