Il n'y a que la jouissance en amour pour
ne regretter rien du temps passé.
Brantôme
– Les vies des dames galantes
Consolation
des vieillards I
Comment faut-il interpréter cette
citation ? Car on imagine qu’avec le vieillissement, on ne peut que
regretter le temps passé, celui où, justement, pour reprendre la citation de
Brantôme, on était capable de copuler no-limit.
Oui, avec
le temps, va – tout s’en va comme dit la chanson. Tout et d’abord
l’orgasme.
o-o-o
On doit donc imaginer que Brantôme nous
propose de songer au passé sur un autre mode : le regret n’est pas que le passé
soit passé, mais qu’il se soit mal
passé. Que n’ai-je, en mon temps, profité de la jeunesse ! La pudeur, la
honte, la peur du péché m’ont retenu sur ce que je croyais être la pente du
vice et m’ont fait perdre ces occasions d’employer ce que le Seigneur m’avait
donné : la faculté de jouir de mon corps. Hélas ! C’est alors qu’il
fallait cueillir les roses de la vie, comme le dit Ronsard…
Pour ne regretter rien du temps passé, il
faut être sûr de l’avoir employé pour le mieux, non pas en le retenant,
sûrement pas non plus en s’y économisant – mais en faisant en sorte quelque
vieille Sylvie, ou quelque ancienne Juliette se rappellent de nous en se rappelant
de leur passé, se disant, comme la Belle Hélène du poète : « Ronsard me célébrait du temps que j’étais
belle ! »
Alors, évidemment, il est trop tard pour
agir sur le passé : on ne peut le faire qu’avant, quand on est jeune et
qu’on a la vie devant soi. Mais justement : vous les jeunes, si on vous
reproche vos débauches, vos orgies, votre vie on the road again, répondez ceci : « Ce que nous faisons,
ce n’est pas pour le plaisir. C’est uniquement pour que, devenus vieux, nous
puissions nous dire que la vie – notre
vie – méritait d’être vécue »
Quant aux vieillards à qui on a promis une « Consolation », qu’ils se rappellent leur jeune temps :
mais oui ! Vous aussi, Grand-Père, vous avez su copuler no-limit. Oui,
votre vie aussi méritait d’être vécue…
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