Friday, July 04, 2014

Citation du 5 juillet 2014



Quiconque nous parle du fond de sa solitude nous parle de nous.
Simone de Beauvoir – Préface au livre de Violette Leduc « La bâtarde »
Une citation comme celle-là nous appelle et nous retient. Elle nous murmure tant de choses que nous avons de la peine à en débrouiller l’écheveau. Par quel bout la prendre pour en parler ?
Evitons de chercher des exemples, de classer différentes formes de solitudes (celle du génie, celle de la victime au fond de son cachot, celle du vieillard, celle du mourant, etc…) : car quelle qu’elle soit, en elle opère la même révélation : elle rend manifeste notre nature la plus essentielle. Qui que nous soyons, en nous l’être humain est ce qui se montre dans la solitude.
La solitude est une souffrance salutaire, même quand elle est abandon, rejet, déréliction (c’est le cas de la bâtarde que fut Violette Leduc), elle est salvatrice. Car en nous isolant des autres, elle nous recentre sur nous-même.
Et cela non pas à la façon du narcissisme : celui-ci est quête d’un reflet dans un œil admiratif. La solitude nous met  face à nous-mêmes et c'est là que nous sommes vraiment nous-mêmes, sans fausse excuse, sans regard admiratif ni accusateur. Là est le moment de vérité, là est le véritable Jugement dernier (1).
Mais comment être réellement seul ? Je veux dire : comment cesser de créer des fantasmes où l'on imagine les autres qui nous louent ou nous accusent (comme l’œil qui poursuit Caïn jusque dans la tombe) ? A quel moment touchons-nous le fond de la solitude ?
Selon Violette Leduc, on devine que c’est dans la souffrance, lorsqu’elle nous a isolés de tout et de tous ; c'est là qu'est le moment de vérité. Et par un retournement significatif, c’est dans cet isolement que je trouve la vraie nature humaine, celle qui est au fond de chacun.
C’est ce que montre la Passion du Christ, lorsque, cloué sur la croix,  il est seul dans son atroce souffrance : c’est le moment où son humanité se manifeste pleinement – et nous pouvons nous reconnaitre en lui quand il crie « Mon Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
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(1) Rappelons les Pensées de Pascal consacrées au divertissement.

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