Tout progrès est basé sur le désir,
universel et inné chez tout organisme, de vivre en dépensant plus que son
revenu.
Samuel
Butler – Carnets
Qui a quatre et dépense cinq n'a pas
besoin de bourse.
Cervantès
– Le petit-fils de Sancho Panza
Dimanche c’est le jour où l’on oublie
ses soucis en particulier les soucis d’argent. Par exemple, comment dépenser de
l’argent quand on n’en a plus?
La Citation-du-Jour va vous
soulager de ce souci avec les deux histoires qui suivent :
- 1 -
La Fontaine d’abord : il s’agit d’un conte intitulé A femme avare galant escroc (à lire ici) qui raconte l’histoire
d’une femme légère, mais également avare. Elle refuse de coucher avec un galant
sauf s’il lui donne une forte somme d’agent. Comme celui-ci est très intéressé
par les charmes de la dame, mais qu’il est également escroc, il lui promet tout
ce qu’elle veut, mais il imagine le subterfuge que voici : il emprunte au mari
200 écus, puis, celui-ci parti, il les donne à la femme devant témoins en
disant bien fort pour qu’on l’entende : « Madame, voici une somme de 200 écus
que je dois à votre époux. Je les rends à présent, n’en ayant plus l’usage. »
L’épouse comprend qu’il s’agit de la
somme promise et elle lui consent toutes les privautés qu’on peut imaginer.
Là-dessus l’époux revient, et le Galant
escroc lui dit : « J’ai votre argent à Madame rendu »…
o-o-o
- 2 -
Et maintenant cette petite histoire (lue ici) :
« C’est une petite ville irlandaise
où rien ne va, les gens n’ont plus confiance les uns vis-à-vis des autres, ils
se regardent en chien de faïence, ils sont endettés.
C’est dans cette ambiance morose qu’un
touriste allemand stoppe sa puissante berline devant le seul établissement
hôtelier de l’agglomération, pénètre dans la salle principale, et pose un
billet de 100 euros sur le comptoir.
- Je voudrais voir vos chambres dit-il,
s’adressant à l’aubergiste.
- Volontiers lui répond celui-ci en lui
montrant l’escalier, voici les clés, vous pouvez monter les voir vous-même.
A peine le touriste allemand a-t-il
disparu dans l’escalier que l’aubergiste prend le billet de 100 euros et,
faisant quelques pas jusqu’à la boucherie du coin de la rue, donne le billet au
boucher à qui il devait cette somme pour des achats antérieurs.
Le boucher file alors chez l’éleveur à
qui il achète les bêtes et lui donne le billet en paiement de dettes anciennes.
L’éleveur, qui est aussi agriculteur, se
rend chez le directeur de la coopérative où il achète ses semences et lui donne
le billet en paiement de graines qu’il n’avait pas pu payer la saison
précédente.
Le directeur de la coopérative se
déplace alors au bar-restaurant du village où il avait des notes de restaurant
en retard, et donne le billet au serveur.
Le serveur glisse discrètement le billet
dans le corsage de son amie Connel, la prostituée dont il avait consommé
certains services payants et qu’il n’avait pas pu payer.
Connel se rend immédiatement chez
l’aubergiste à qui elle donne le billet pour payer avec retard des chambres
qu’elle avait utilisées lors de ses activités professionnelles.
L’aubergiste repose alors le billet de
100 euros exactement à la même place où le touriste allemand l’avait posé,
touriste allemand qui, à cet instant précis débouche de l’escalier en disant :
non merci, vos chambres ne me conviennent pas.
Il reprend alors sur le comptoir le
billet de 100 euros, le range dans son portefeuille, remonte dans sa voiture,
et disparait.
Depuis, la petite ville irlandaise va
beaucoup mieux chacun ayant pu payer ses dettes et tous les habitants, avec un
soupir de soulagement, ont repris une activité normale. »
[Je sais : cette histoire est
invraisemblable, parce que les prostituées ne font jamais crédit. C’est du
moins ce qu’on m’a dit parce que, moi, vous savez…]
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