Huit
joueurs forts et actifs, deux légers et rusés, quatre grands rapides, et un
dernier, modèle de flegme et de sang-froid. Le rugby c'est la proportion idéale
entre les hommes.
Jean Giraudoux
Allez ! Encore un petit tour du côté du rugby.
Une
remarque :
je suis totalement ignare en matière de
rugby, et je voudrais qu’on ne me tienne pas trop rigueur de mes
approximations.
Tout
ce que je sais de la composition de l’équipe de rugby vient d’ici. Du coup on
comprendra que, pour cette même raison, je ne discuterai pas la validité « rugbystique » de la citation de
Giraudoux.
Ça c’est de la citation ! Et pas
seulement parce que, sur un sujet qui semble frivole, on convoque une gloire de
la littérature. Non, c’est une pensée géniale parce qu’elle nous permet de voir
la société comme une équipe de rugby, comparaison que chacun pourra interpréter
aisément. D’ailleurs je m’étonne qu’aucun homme politique (du moins à ma
connaissance) ne se soit emparé de cette phrase de Giraudoux pour nous faire
marcher droit.
-
Donc, la société ne doit pas être composée d’hommes tous identiques, même si on
imagine cette identité comme une super-faculté telle la Raison-des-Lumières. Exit donc l’homme
citoyen-universel ; place aux ailiers, talonneurs, piliers, etc… La
société (au sens le plus large) nécessite une diversité de fonctions et donc de
talents.
Il
serait tentant de chercher qui, dans la société, peut incarner ces
personnages : qui sont les gros balaises de la « première
ligne » ? Qui sont les ailiers légers et rusés ? Qui sont les
grands et rapides arrières ? Et puis l’ultime défenseur qui est-il ?
La
métaphore est trop belle pour que je vous prive du bonheur de la décrypter
vous-mêmes. Du coup, je vous laisse aussi le soin de déterminer à quel type de
régime politique répond cette organisation rugbystique de la société :
une démocratie ? Une anarchie ? Ou bien plutôt une dictature ?
o-o-o
Laissez-moi
juste réfléchir à l’arrière, celui
dont Giraudoux nous dit qu’il est un modèle
de flegme et de sang-froid. Curieux n’est-ce pas ? Curieux parce que,
dans nos sociétés, on ne songe guère à faire du retrait dans le combat une
qualité – voire même une vertu.
Nous,
nous sommes dans la compétition, tout se joue dans la percussion, dans la
rapidité – dans la réactivité. Et voilà qu’on nous chante la vertu du gaillard
qui reste derrière les autres, mais non pas comme un « planqué »,
plutôt comme un ultime défenseur – mais en même temps comme celui qui a une
vision assez globale pour relancer l’attaque.
Quelqu’un
qui serait à Londres quand l’Allemand est à Paris ?
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