Saturday, July 19, 2014

Citation du 20 juillet 2014



La crédulité est un signe d'extraction: elle est peuple par essence. Le sceptique, l'esprit critique est l'aristocratie de l'intelligence.
Jules et Edmond de Goncourt – Journal 24 mai 1861
Lorsque l'incrédulité devient une foi, elle est plus bête qu'une religion.
Jules et Edmond de Goncourt – Journal 13 septembre 1862

Alors ? L’incrédulité est-elle une bêtise, plus bête encore que la religion, ou bien est-elle la marque d’une intelligence aristocratique ?
Notez que je force un peu le texte : il ne s’agit pas d’opposer l’incrédulité à elle-même, mais plutôt de dire qu’elle résulte de deux attitudes opposées : l’une étant la foi, l’autre l’esprit critique.
1 – Que la foi s’oppose à l’esprit critique, ça tout le monde le sait. D’ailleurs les curés ont toujours pourfendus les « esprits forts », ceux qui, comme saint Thomas, n’ont pas voulu croire simplement parce qu’on leur disait d’y croire. Le royaume ces cieux appartenait au contraire à celui qui disait « Je crois parce que c’est absurde », et les flammes de l’enfer attendaient le rationaliste (philosophe en particulier).
2 – On sait également que l’incrédulité peut être une attitude systématique accompagnée d’une imbécile ignorance. Ce qui est plus intéressant est d’ajouter que c’est cela précisément qui est la marque de la foi – du moins de celle que nous décrivent les Goncourt : elle accompagne aussi bien la croyance que l’incroyance, puisqu’elle est le refus de comprendre l’évidence. On n’a qu’à aller faire un tour sur les sites des créationnistes pour s’en faire une idée.
Cette foi imbécile a pour propriété d’abolir l’esprit critique, et elle est à l’œuvre dans le mécanisme du sectarisme qui soumet le disciple à son gourou.
3 – Enfin, ajoutons que cette incrédulité « instruite » accompagne les deux moments de la recherche scientifique : le premier qui refuse de croire à l’évidence tant qu’on n’a pas démontré qu’elle reposait sur une preuve expérimentale répétable. Le second qui impose la reconnaissance de cette vérité ainsi vérifiée tant qu’on n’a pas démontré le contraire.

Et dans les cas où il est impossible de démontrer qu’on possède la vérité ? Eh bien il faut soutenir cette affirmation qu’on va tenir pour vraie comme si elle était démontrée : tel est le mécanisme de la foi, en effet. Mais tout le problème est de savoir s’il n’y a pas des situations démontrant que cette foi se trompe.
Peut-on encore croire à Dieu après Auschwitz ? demandait Hans Jonas. (1)
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(1) L’idée de Jonas est de chercher quel est donc ce Dieu qui a laissé exister les hommes responsables de cette abomination. Car, après tout, les hommes sont dans la création et celle-ci est œuvre de Dieu. Lisez ici.

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