Les
vieux ont cet avantage qu’ils sont au moins certains d’avoir été jeunes.
Par
contre, aucun jeune n’est certains de devenir vieux.
Philippe Geluck – Le chat
Commentaire
I
On envie la jeunesse, en particulier les vieux, ça
va de soi.
Mais a-t-on songé que la jeunesse est une époque
de la vie emplie d’angoisse. Oh ! bien sûr les jeunes ne se posent pas du
tout la question « Pourvu que je devienne vieux ! » Ni
même : « Mon Dieu, fais que je vive assez longtemps pour devenir
vieux. »
Mais tout de même : quand on est jeune on
se soucie de ce qu’on va devenir. On se soucie de l’avenir et de ce qu’il nous
réserve. Aurai-je le succès à mon exam’ ? Que serai-je dans 20 ans ?
Toujours avec Charlotte ? Et les enfants que nous aurons ? Seront-ils
intelligents ou débiles ? Et dans 30 ans, serai-je chauve comme mon père
aujourd’hui ? Etc…
Mais le Chat
a-t-il raison ? Je veux dire : les jeunes sont-ils ainsi tournés vers
l’avenir ? Ont-ils souvent l'angoisse de ce qu'ils seront demain ? Ne sont-ils pas plutôt insouciants de ce qu’il leur réserve
parce que dans leur esprit il n’y a pas de place pour autre chose que pour le
présent ?
A quel moment de la vie oublie-t-on totalement
le passé et le futur pour n’être conscient que du présent ? C’est durant
la fête, n’est-ce pas. Oui, c’est quand on danse jusqu’au bout de la nuit,
qu’on boit et qu’on fumette sans se soucier de la gueule de bois de demain,
parce qu’il n’y a pas de demain – rien qu’un très vaste aujourd’hui..
Et donc : quelle est l’époque de la vie la
plus propice à la fête ? La jeunesse n’est-ce pas. Et si la fête est, comme
on vient de le dire, conscience exclusive du présent, on devrait admettre que
les jeunes – certains d’entre eux du moins – sont eux aussi déterminés par leur
seul présent.
Du coup notre Chat
se met le doigt dans l’œil quand il prétend que les jeunes s’interrogent sur
leur lointain avenir.
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