Tuesday, July 22, 2014

Citation du 23 juillet 2014



De nos jours, l'individu est pour ainsi dire race éteinte. Ce que nous avons, c'est le drame du robot - l'homme de l'âge de la machine, qui fonctionne comme un rouage.
Henry Miller – Le Monde du sexe (1940)
Qu’est-ce qu’un individu ? Réponse : quelqu’un qui existe prioritairement  pour lui-même sans se définir par sa fonction sociale, puis qu’alors il pourrait être remplacé par quelqu’un d’autre - voire par une machine. Si l’individu reste individu, même en fonctionnant comme un rouage, alors c'est qu'il se définit par la jouissance que lui procure sa fonction sociale.
On comprend alors que le sexe (évoqué par le titre de l'ouvrage de Miller) incarne le monde du désir, le quel par définition ignore totalement celui de la société, voire même celui de la réalité. C’est lui qui permet d’échapper au drame que vient d’observer Miller – je veux dire la Guerre : Faites l’amour, pas la guerre.
- En l’occurrence, le pessimisme consiste à dire, comme Schopenhauer, que l’indépendance du  sexe n’est qu’une illusion, que c’est un subterfuge auquel s’alimente l’instinct de propagation de la vie, le quel n’est au service que de l’espèce et non de l’individu.
o-o-o
Dites-moi comment vous faites l’amour et je vous dirai qui vous êtes.
            - Faites-vous l’amour comme une brute, comme un sauvage, comme le cerf en rut, qui que vous soyez, homme ou femme ? Alors c’est l’espèce qui vous guide et votre appareil génital est le rouage d’une vaste machine à reproduire des humains.
            - Faites-vous l’amour come Don Juan, simplement pour matérialiser votre victoire sur la femme – ou l’homme – que vous avez voulu conquérir ? Ou bien, faites-vous de l’exploration de la jouissance un art subtil que le Kâma-Sûtra a codifié ? Et aussi utilisez-vous des procédés pour éviter de « propager l’espèce » ?

Sachez alors que l’espèce va se venger, que vous tombez sous le coup de la malédiction qui frappa Onan, parce que, faire des enfants c’est la seule justification de la sexualité : Dieu Lui-même n’a pas hésité à lever la main pour le foudroyer.

No comments: