"Plutôt souffrir que mourir,
C'est la devise des hommes."
La Fontaine - La Mort et le Bûcheron
On connaît l’histoire : le pauvre bûcheron accablé de fatigue et de malheur appelle la mort ; elle arrive, prête à le faucher. Oui, mais voilà ; il ne désire plus du tout mourir. Car c’est la loi de la vie, qu’on l’appelle instinct de conservation, ou loi de la nature, ou devise des hommes. On n’a pas demandé à vivre, mais on demande à rester en vie, quoiqu’il en coûte.
Un événement récent nous raconte la même fable : dix condamnés à perpétuité de Clairvaux, par pétition, demandent le rétablissement de la peine de mort pour échapper à une vie qu’ils jugent dégradante. Que répond Pascal Clément, ministre de la justice ? « Qu’on les prenne au mot et on verra combien se présenteront pour être exécuté. » Plutôt souffrir que mourir…
L’intérêt de ces histoires est de nous faire toucher du doigt notre attachement pour la vie ; on dit « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir » ; soit. Mais l’espoir de quoi ? De vivre misérablement, ployé sous la ramée comme le bûcheron, enfermé dans une cellule de trois mètres sur trois, comme à Clairvaux ? Ou tout simplement de vivre, c’est-à-dire de respirer, de sentir le sang battre dans ses veines, de mouvoir ses muscles et ses membres. Moins on a de plaisir extérieur, plus ces sensations deviennent nos raisons de vivre.
Bien sûr cela ne supprime pas la demande d’euthanasie ; mais ça situe son niveau de pertinence très haut dans l’échelle du désespoir.
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