Sunday, September 10, 2006

Citation du 11 septembre 2006

Comprendre, c’est toujours comprendre la chose la plus simple du monde.

Alain - « Le Culte de la Raison comme fondement de la République » (Conférence populaire)

Alain est un optimiste rationnel. Il est un professeur heureux, qui pense que chaque homme est capable d’apprendre et de comprendre à condition qu’on fasse appel à sa raison. Alain, c’est l’homme qui a fait sienne la devise cartésienne : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée » (1)

Comme ni Alain, ni - a fortiori - Descartes ne connaissaient l’IUFM, nous devrions être capable de comprendre leurs principes pédagogiques. Je crois que tout sera résumé par l’idée d’analyse. Qu’est-ce que la chose la plus simple du monde? Réponse : la chose qu’on ne peut plus subdiviser. La « chose », ou plutôt la connaissance, le jugement, l’idée. Car il faut comprendre qu’on n’est pas du tout dans le domaine de l’examen du réel, mais dans celui de la connaissance. Et dans ce domaine, ce qui est difficile, c’est ce qui est complexe, et ce qui est complexe c’est ce qui n’a pas été encore complètement analysé. (2)

Comment devons-nous diviser les difficultés ? En utilisant la raison pour trouver les articulations qui passent entre les idées, « claires et distinctes », c’est à dire absolument vraies et absolument indécomposables (3). On butte en effet nécessairement sur des vérités premières, évidentes par elles-mêmes (du genre : deux droites ne peuvent enclore un espace). La chose la plus simple du monde a donc les caractéristiques de l’axiome ou de la définition en mathématiques : sa vérité s’impose à nous, elle élimine le doute, et nulle obscurité ne subsiste plus.

Toutefois, comprendre, c’est « prendre ensemble » : après l’analyse, vient la synthèse. La synthèse peut, elle aussi, être « simple ». Pour cela, il faut, après avoir découvert la chose la plus simple du monde, enchaîner ces vérités élémentaires, dans une raisonnement qui assure leur articulation de façon parfaitement logique. Exactement comme dans la démonstration d’un problème de géométrie. Et ces articulations logiques sont par elles-mêmes la chose la plus simple du monde.

C.Q.F.D.

(1) Cf. commentaire de la Citation du 24 mars 2006

(2) Un exemple ? (2+2=4) se décompose en {(1+1)+(1+1)=(1+1+1+1)}

(3) Les amateurs de Michel Houellebecq se reporteront aux Particules élémentaires, auteur cartésien s’il en fut.

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