Saturday, September 02, 2006

Citation du 3 septembre 2006

Quand j'entends le mot culture, je sors mon revolver

Baldur Von Schirach, ou Hanns Johst, ou Hitler, ou Goering

J’ai fait une petite expérience : lancer une recherche Google avec cette célèbre ( ?) citation. J’ai trouvé 150 occurrences, mais curieusement avec noms d’auteurs très variables ; je fournis ici ceux qui sont le plus souvent évoqués.

Vous qui me lisez par intérêt pour les citations plus que pour ma (brillante) prose, dites-moi : qu’est-ce qui, selon vous, fait le succès d’une citation ? Son contenu ou son auteur ?

- C’est son contenu : ici tous ceux qui croient en la vertu émancipatrice de la culture apprécient de souligner la peur qu’elle suscite chez les tyrans. Mais il faut confirmer cette thèse par l’indication de l’auteur. On ne dit pas : «Quand j'entends le mot culture… », mais « Comme le disait XXX, «Quand j'entends le mot culture… ». C’est donc aussi - et peut-être surtout - l’auteur qui compte.

- Seulement voilà : qui est l’auteur ? Parfois ignoré, ici il est démultiplié. Moi qui écris ce post, je ne sais même pas si c’est le chef de la jeunesse hitlérienne, Baldur Von Schirach (1), ou un obscur dramaturge allemand dont seules les encyclopédies de citations conservent la trace, à moins que ce ne soit Hitler lui-même ou son second, Goering. C’est cette pléthore qui étonne. S’agit-il de donner à tous le coups une référence au régime nazi ? Sans doute, mais alors pourquoi plusieurs plutôt qu’une seule (même fausse) ?

On peut expliquer cela par une banalité : puisque « l’erreur est multiple » (2), lorsqu’on ignore qui est le véritable auteur d'une citation, alors chacun invente sa propre référence : chacun va donner le nom qu’il juge le plus plausible.
Mais il peut arriver que ce soit le personnage cité qui compte dans notre esprit, et que sa phrase ne soit que l'ocasion d'évoquer son nom : à la limite la citation n’est plus là que pour justifier la présence de ce nom. Et alors, qu'importe que la citation soit exacte ?
Goering ou Hitler : leur nom a peut-être plus d’importance que la phrase qu’on leur attribue.

(1) Si on vous dit qu’il s’agit de Balladur von Chirac, c’est qu’on s’est moqué de vous.
(2) Voir commentaire du 20 juillet 2006

1 comment:

Anonymous said...

Je connaissais aussi une version où il s'agissait de Goebbels. Mais il semblerait que ce soit bien Baldur von Schirach qui en est l'auteur.