Wednesday, September 27, 2006

Citation du 28 septembre 2006

La dictature, c'est "ferme ta gueule", et la démocratie, c'est "cause toujours".

Woody Allen

Nous avons déjà débattu-du-débat en démocratie (voir 26-27 février).

En revanche ce qui frappe ici, c’est que le critère permettant de juger du régime politique soit la parole. Alors, certes, Woody Allen ironise, parce que la parole n’a d’importance que par ses effets ; si ceux ci sont nuls, alors la parole est nulle également, et son existence est insignifiante.

Mais il ne faut pas oublier quelles sont les origines de la démocratie. Certes les Grecs ont défini la démocratie à partir de l’égalité vis à vis de la loi - l’isonomie - ce qui excluait les privilèges. Mais historiquement parlant, la démocratie est née grâce à l’Agora. C’est la possibilité pour les citoyens de se réunir sur cette place publique pour y participer aux débats concernant la vie publique qui caractérise la démocratie à son origine. Chacun a le droit d’y prendre la parole, personne n’en est exclu (1).

Autrement dit, plus que le droit de vote, autant que l’égalité devant la loi, la participation au débat politique est constitutive de la démocratie.

Comment comprendre cette importance alors qu’il est si facile de dire : «cause toujours » ? C’est qu’en réalité, il faut une justification au pouvoir. Aucun pouvoir n’existe sans une certaine légitimité. Le propre de la démocratie, ce n’est pas de donner le pouvoir au peuple (puisqu’on peut si facilement le lui confisquer ensuite) ; c’est de s’appuyer sur l’opinion publique, en donnant à cette expression toute sa force. Or, pour que cette opinion existe, il faut et il suffit qu’elle se fasse entendre. Sinon… d’autres s’en feront les interprètes, ceux qui, comme Jeanne d’Arc, entendent des voix que les autres n’entendent pas.

Si comme moi les politiciens qui parlent au nom des français (« les français savent que…je dis la vérité ») vous donnent des boutons, alors, causez, causez encore, causez toujours !

(1) Voir à ce sujet l’éloge de la démocratie athénienne dans le Discours de Périclès rapporté par Thucydide : « en ce qui concerne la participation à la vie publique, chacun obtient la considération en raison de son mérite, et la classe à laquelle il appartient importe moins que sa valeur personnelle » THUCYDIDE - Histoire de la guerre du Péloponnèse (livre II, ch. 37)

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