Une illusion de moins, c'est une vérité en plus.
Alexandre Dumas, fils
L’illusion est un écran qui nous cache la vérité. Supprimez l’écran, retrouvez la vérité. Voilà ce que nous dit Alexandre Dumas-le-Fils (1).
Je laisserai de côté la question de savoir si la vérité est une simple affaire de dévoilement : le débat philosophique que cela entraînerait excède les modestes dimensions de ce message. En revanche je vous demanderai si vous êtes d’accord pour estimer qu’on n’a rien à perdre en perdant ses illusions. Vous êtes à court d'imagination ? Voilà trois possibilités. Choisissez.
1ère hypothèse : en nous éloignant du réel, les illusions causent l’échec de nos tentatives pour le transformer. On n’agit bien qu’en connaissance de cause. C’est la position du réalisme.
2ème hypothèse : en nous éloignant du réel, les illusions nous protègent de ses atteintes, elles nous procurent un bonheur qui, pour être illusoire, n’en est pas moins préférable au désespoir. C’est la position hédoniste.
3ème hypothèse : la force de l’illusion n’est autre que celle du désir (Freud). Kant dira de même que l’illusion est l’effet de la faculté de désirer. Comme telle, elle n’est qu’un aspect de quelque chose de plus important : croire que ce que nous désirons est accessible parce que nous le désirons. Dans la plus petite de nos actions, ce mécanisme est à l’œuvre : nous faisons ce que nous désirons avant de savoirs si nous le pouvons. Nous ne sommes même pas étonné de réussir , tant il est évident que notre représentation du but est une garantie de succès.
Dans ce cas, l’illusion n’est qu’un passage à la limite ; lorsque l’échec est inévitable, le désir nous entraîne alors à croire que la réussite est néanmoins possible dans des conditions fantaisistes.
Disons donc qu’à la formule de Dumas il faudrait substituer celle-ci : « Une illusion de moins, c’est un désir de moins. »
(1) Voir citation du 2 août 2006
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