Friday, September 22, 2006

Citation du 23 septembre 2006

Définition (1) :

Ami(e) : Se dit d'une personne du sexe opposé qui a ce " je ne sais quoi" qui élimine toute intention de vouloir coucher avec elle.

Doit-on souscrire à cette opinion si courante que l’on perd un(e) ami(e) le jour où il (elle) devient un(e) amant(e) ? L’idée est que l’amitié est simple, limpide, alors que l’amour est trouble, parce que le désir met en jeu le corps de l’autre, ce qui introduit l’opacité des désirs entrecroisés.

- Admettons que vous soyez d’accord pour dire que la libido trouble nos rapports avec l’autre. Etes-vous également d’accord pour dire que l’amitié est incompatible avec ce trouble ?

…..STOP ! Imaginez un instant que cette question tombe sous les yeux d’une gamine de 13 ans ou de sa mère, adolescente attardée! Vous imaginez le flot de banalités sirupeuses ! (2) Je préfère retirer ma question.
Parlons plutôt du rapport entre éros et philia chez Platon : ça aura une autre tenue. Alors Platon, dans le Banquet, met au centre de l’élan vers l’immortalité l’amour (éros) et non l’amitié (philia, pourtant si prisée des grecs en tant que vertu - et pas seulement sociale). Seulement, voilà : il s’agit de l’amour platonique, «qui élimine toute intention de vouloir coucher». (3). Lisez ce passage si émouvant ou Alcibiade tente de séduire (oui : physiquement) Socrate, celui-ci l’éconduisant (alors que pourtant il aime les beaux garçons). Si Socrate résiste, c’est parce qu’Alcibiade prétend donner à Socrate de l’amour physique, en échange sa sagesse : marché de dupe ! L’amour de la beauté n’est pas l’amour physique parce que celui-ci n’étant que l’amour d’un corps n’accède pas à la beauté merveilleuse qui transcende toute réalité sensible : à cette beauté seul l’esprit nous donne accès.

Bref : cette définition est excellente, à condition de préciser dans quelle intention on veut coucher-avec.

(1) Suite du cycle entamé le 13 septembre et qui vous permettra à terme de vous constituer un répertoire de définitions qui feront de vous un compagnon brillant et spirituel en société.

(2) Voici la version réservée aux féministes : «Imaginez un instant que cette question tombe sous les yeux de Kévin qui a 13 ans ou de son père, bidasse attardé. Vous imaginez le flot de banalités graveleuses »


(3) Il vaudrait d’ailleurs mieux parler de l’amour socratique, mais ce terme est ambigu, ainsi qu’en témoigne son usage chez Sade (= socratiser) où il prend une signification pas très propre.

1 comment:

universel said...

"Entre l'amour et l'amitié, il n'y a qu'un lit de différence..."
Henri TACHAN