Allons chercher l'ennemi : si je recule, tuez-moi ; si j'avance, suivez-moi ; si je meurs, vengez-moi !
La Rochejacquelein (Général en chef des Chouans Vendéens)
En voilà un chef. Un vrai. Un qui ne se borne pas à donner des ordres, mais qui s’engage vraiment dans l’action et qui laisse ses troupes évaluer sa propre conduite.
Normalement le chef est à l’abri et s’il est mis en péril, c’est par erreur (1) : comme aux échecs, où le Roi est bien caché, derrière sa rangée de pion. Mais pas La Rochejacquelein. Du reste il n’a pas fait de vieux os.
S’agit-il d’une leçon donnée aux combattants d’aujourd’hui ? On serait tenté d’en douter, du moins si on s’en tient au combat politique. Imaginez un peu : un chef de parti ou de tendance qui tiendrait ces propos - même en se contentant de ne leur donner qu’une valeur symbolique ? Essayons un peu.
- Allons chercher l'ennemi : oui, mais pas n’importe comment. Pas en terrain ouvert, pas sans des lignes de replis ; pas dans un débat télévisé en direct ; ou alors quand on ne peut plus faire autrement.
- si je recule, tuez-moi : là c’est n’importe quoi. La politique est l’art de reculer. Vous ne me croyez pas ? Le CPE, ça vous dit encore quelque chose ?
- si j'avance, suivez-moi : idem. Le chef politique est celui qui suit ses fidèles qu'il envoie au premier rang pour enfoncer le front adverse sans prendre de risque. Si vous ne me croyez pas, voyez rôle de fusible joué par le premier ministre pour protéger le chef de l’Etat.
- si je meurs, vengez-moi : là, d’accord. Sauf qu’il n’y aura plus personne pour venger la victime, tous ses fidèles s’étant rallié au traître assassin... Voyez les gaullistes en 74 avec Giscard, les partisans de Chirac après 93 avec Balladur, ceux de Balladur en 95 avec Chirac (on peut se tromper, non ?)
En politique, il est permis de se ramasser une veste… à condition qu’elle soit réversible.
(1) Voir le cas de Bonaparte au pont d’Arcole, citation du 2 mai 2006
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